D' Alejandro Amenabar (Espagne)
Avec Karra Elejalde (Miguel de Unamuno) Eduard Fernandez (José Millan Astray) Santi Prego (Francisco Franco)
Espagne, été 1936. Le célèbre écrivain Miguel de Unamuno décide de soutenir publiquement la rébellion militaire avec la conviction qu'elle va rétablir l’ordre. Pendant ce temps, fort de ses succès militaires, le général Francisco Franco prend les rênes de l’insurrection. Alors que les incarcérations d’opposants se multiplient, Miguel de Unamuno se rend compte que l’ascension de Franco au pouvoir est devenue inéluctable...
Sauver la civilisation occidentale chrétienne cette formule que Franco empruntera à Miguel de Unamuno (1864-1936) serait un des arguments de ce poète philosophe en faveur du nationalisme et de l’armée espagnole (le poète a d’ailleurs donné 5000 pesetas pour défendre cette "cause").
Prise de pouvoir par Franco et simultanément aveuglement (?) de certains intellectuels -dont Miguel de Unamuno -avant son revirement lors de la fête de la Race dans un « fameux » discours-, telle est bien la double dynamique de ce film.
Tout en sachant que -de l’aveu même du réalisateur- Lettre à Franco "parle autant du passé que du présent face à la montée des mouvements fascistes en Europe"
Intentions plus que louables!
Mais le « traitement » de cet épisode (été 1936) est à la fois didactique et académique (avec le risque inhérent : provoquer l’ennui) ; la reconstitution très appliquée est certes solide et minutieuse (décors, costumes, personnages ayant réellement existé; documentation) mais elle pèche par un classicisme désuet, pour ne pas dire « pompeux » quand elle ne verse pas dans une forme de mélo (relations de Miguel de Unamuno avec sa fille, son petit-fils ; récurrence de ce plan lumineux sur sa jeunesse heureuse) et pire ! dans une forme d’opérette (acteurs grimés ressemblant aux personnages réels, texture lisse de l’image)
Et même les fluctuations et contradictions idéologiques du personnage sont souvent escamotées derrière des « coups de gueule » assez complaisants
On retiendra du discours prononcé par Miguel de Unamuno le 12 octobre 1936 « vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas », alors que l’assistance -une vague brune- se lève au cri de « vive la mort »
On connaît la suite….
Colette Lallement-Duchoze