d'Alaa Eddine Aljem (Maroc)
Avec Younes Bouab, Salah Bensalah, Bouchaib Essamak
Présenté au festival de Cannes (Semaine internationale de la critique)
Au beau milieu du désert, Amine court, sa fortune à la main, la police aux trousses, il enterre son butin dans une tombe bricolée à la va-vite. Lorsqu'il revient dix ans plus tard, l'aride colline est devenue un lieu de culte où les pèlerins se pressent pour adorer celui qui y serait enterré : le Saint Inconnu. Obligé de s'installer au village, Amine va devoir composer avec les habitants sans perdre de vue sa mission première : récupérer son argent.
Un magot planqué dans une tombe créée dans l’urgence ..c’est le prologue. Ellipse de plusieurs années: le voleur sort de prison. C'est le début du film. Mais....à la recherche de son butin Amine constate effaré que sur la colline au milieu de nulle part (du début) s’est érigé un mausolée, qu'en contre bas s'est construit un village : la tombe de l’argent volé est désormais celle du Saint Inconnu que l'on vénère. Premier ressort du comique ? Oui celui d’un comique grinçant qui vilipenderait la sacralisation de l’argent-roi ...Puis les tentatives de récupération du butin - que de péripéties!- vont donner lieu à des scènes burlesques où les comportements des habitants illustrent les thématiques que le réalisateur veut mettre en exergue : religion et mercantilisme ; tout cela traité sous forme de tableautins et/ou de vignettes avec les effets traditionnels du comique de répétition, de situation et de mots
Coiffeur/barbier,/dentiste, gardien du "temple" -plus bienveillant avec son chien qu’avec son fils - médecin qui s’improvisera vétérinaire, infirmier, père et fils paysans attendant vainement une ondée salvatrice, le voleur et son complice (qui est le cerveau ? qui est monsieur muscles ?) autant de personnages dans des fonctions archétypales.
Voici un village où les femmes consultent le médecin 6 jours sur 7 pour vaincre l’ennui (le 7ème c’est le hammam) mais qui en cas de maladie grave feraient confiance au "guérisseur" (ce Saint Inconnu) ….
On rit, on sourit. Le réalisateur se moque mais l’humour reste bon enfant (même si ce microcosme représente à n’en pas douter le pays tout entier, le Maroc)
Le film a été tourné dans le désert au sud de Marrakech
Le chef opérateur a soigné la lumière et les cadres ; recouru à la "nuit américaine" (scènes nocturnes filmées en plein jour) ; joué sur les contrastes dans la répartition de l’espace et celle des couleurs. Des scènes quasi identiques (chez le coiffeur, chez le médecin) mais avec un angle de vue qui varie. Tout cela force l'admiration
Et pourtant !
Cette fable pêche par un manque évident de rythme (rien à voir avec une distance ironique ou toute en retenue à la Elia Suleiman )
Le risque? l'enlisement ...
Colette Lallement-Duchoze