Documentaire réalisé par Alla Kovgan (Allemagne, France, USA)
Ce film retrace l'évolution artistique du chorégraphe américain Merce Cunningham de ses première années comme danseur dans le New York d'après guerre jusqu'à son émergence en tant que créateur visionnaire qui a révolutionné la danse
2019 le Festival d’Automne (Paris) fêtait le centenaire de la naissance de Merce Cunningham (1919-2009)
Janvier 2020 sortie en salle du documentaire Cunningham. Pour rendre hommage au danseur chorégraphe américain, la réalisatrice russe Alla Kovgan va privilégier la période 1942 1972 (depuis la naissance de la troupe jusqu’au départ de ses interprètes historiques) ; elle ne cherche nullement à faire un biopic encore moins une hagiographie ; elle "raconte des années de peine de dureté d’échecs ; montre le danseur dans la fleur de l’âge et dans l’inquiétude de ces années de survie financière et psychologique". Apprentissage chez Martha Graham, création de sa compagnie en 1945, étroite collaboration avec le compositeur et compagnon de vie John Cage (mort en 1992) et le plasticien Rauschenberg (jusqu’à sa consécration à la Biennale de Venise en 1964) Andy Warhol, Jasper Johns (le dialogue avec la musique les arts plastiques et le cinéma sera fécond dans les recherches du chorégraphe)
Un documentaire qui aura exigé plus de 8 années de travail (fouiller toutes les archives, maîtriser la technique 3D entre autres)
Son matériau ? Des images d’archives (en noir et blanc), des interviews (on entend les voix du chorégraphe, de John Cage, Rauschenberg Andy Wahrol, ainsi que celles de danseurs de la Merce Cunningham dance company). Un travail fructueux avec des danseurs pour les chorégraphies en live et en couleur; tournées dans des lieux insolites tels que le tunnel sous l’Elbe en Allemagne, le toit-terrasse du centre Westbeth à New York, le parking de Cologne, elles vont ancrer dans le présent les œuvres dites iconiques Antic Meet, Summerspace -dans le décor de Rauschenberg (cf affiche)-, Rainforest -avec ces fameux coussins remplis d’hélium de Warhol. C'est qu'il fallait " "traduire les idées de Merce en cinéma"
Un documentaire qui joue avec le split screen (fragmentation de l’écran en 2 3 parties, voire plus ) les travellings avant arrière, les vues en plongée, les surimpressions, des pirouettes astucieuses. Avec cette récurrence de la main- métronome
On pourra toujours reprocher le côté un peu lisse des images contemporaines et/ou le parti pris chronologique (qui va à l’encontre de cette non-linéarité revendiquée et par le chorégraphe et par le musicien). Mais ce documentaire rend bien compte des bouleversements que le chorégraphe a imposés à la danse, en refusant le folklore narratif et la théâtralité. Ce qui d'ailleurs peut gêner certains spectateurs rebutés par l’absence apparente d’émotion et d’explication (frontale ou non)
Je suis un danseur (alors qu’il est aussi un chorégraphe d’exception)
Mes danseurs et moi formons un groupe d’individus. c’est donc ce que nous sommes sur scène comme dans la vie, des gens qui bougent » (en réponse à la question sur la danse dite "moderne")
Si violence il y a, c’est celle que lui prête le spectateur
Un documentaire qui eût été un enchantement ....si ….on avait pu le voir en 3D !!!
Colette Lallement-Duchoze