de Terrence Malick (USA Allemagne)
avec August Diehl (Franz) Valérie Pachner (Fani sa femme) Mari Simon (Résie) Tobias Moretti (père Ferdinand Fürthauer) Bruno Ganz (juge Lueben) Karl Markovics (le maire) Franz Rogowski (Waldlan) Matthias Schoenarts (capitaine Herder)
Franz Jäggerstätter, un paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme Fani et ses enfants Frantz reste un homme libre
Terrence Malick s’est inspiré de faits réels et il a lu les écrits de Frantz Jäggerstätter (ses lettres envoyées de prison destinées à son épouse Fani) Ce paysan autrichien qui au nom de son amour pour Dieu a refusé de servir les nazis, sera béatifié par le pape Benoît XVI en 2007 en la cathédrale de Linz.
C’est l’histoire d'un calvaire que le réalisateur met en scène dans "Une vie cachée", un film où les passages écran noir vont scander les étapes d’un "chemin de croix" magnifié par les paysages et les musiques de Bach Haendel, Arvo Pärt (entre autres) La phrase citée dans le générique de fin (empruntée à la romancière George Eliot) explicitera le sens de l'expression "vie cachée"
Terrence Malick jouit d’une vénération admirative….qu’on est en droit de ne pas partager!
Nous sommes à Radegund, un village autrichien, au-dessus des nuages dit une voix off. D’emblée le réalisateur intègre une symbolique qu’il ne cessera de décliner avec plus ou moins d’emphase tout au long du film
Le personnage principal est tiraillé entre la terre (sa patrie) et le ciel (sa foi). Dynamique de la dualité que l’on retrouve -sous d’autres formes- dans l’opposition forcément grossière entre l’allemand (une langue vociférée par des gueules de monstres et qui ne sera pas traduite) et l’anglais (réservé à tous ceux qui n’incarneraient pas le Mal Absolu, réservé à la prière, aux conversations philosophiques, aux voix intérieures) Dualité entre une nature dont les montagnes imposantes semblent frôler la voûte du ciel bleu et l’horizon bouché des villes et plus encore celui des prisons. Dualité Vie et Mort
Le film est traversé de signaux comme autant de symboles très (trop) appuyés -ces mains tendues vers le ciel telle une cathédrale, celle sculptée par Rodin ?; le rêve/cauchemar de Franz -un train filant à toute allure vers un ailleurs insoupçonné mais terrifiant et son inévitable concrétisation ; la femme, une mère Courage qui plie sous le labeur ; seule désormais avec Résie -son mari est incarcéré à Berlin- à faire corps avec cette glaise à la glèbe arrachée. Les cieux annonciateurs de malheurs quand ils sont zébrés de lambeaux noirs... et j'en passe...
Et que dire de ces mouvements de caméra (dont le réalisateur use et abuse) de ces grands angles, qui déforment les personnages -leurs visages ou les proportions de leurs corps?. De ces larges panoramiques sur les paysages -mais avec ces faisceaux lumineux comme incrustés et qui renvoient à toutes les bondieuseries sulpiciennes-, de ces longs et lents travellings sur les champs de blé qui frissonnent ?
Panthéisme au sens étymologique ? Cieux terre animaux -ici comme par hasard très gros plan sur un âne et un boeuf- et humains unis en une vaste symphonie cosmique?
Une thématique éculée mais toujours d'actualité: collaborer ou non? signer un papier décharge et sauver sa peau ou mourir au nom d'un idéal soutenu par une foi inébranlable? Mais une thématique traitée avec grandiloquence et emphase; quand bien même les affres et les doutes affleurent sur le visage de Franz et habitent ses silences.
Le soleil se lève quand même sur le Mal
Colette Lallement-Duchoze