de Nicolas Pariser
avec Fabrice Luchini (Paul Théraneau), Anaïs Demoustier (Alice Heimann), Nora Hamzawi (Mélinda), Maud Wyler (Delphine), Antoine Reinartz (Daniel), Léonie Simaga (Isabelle Leinsdorf), Alexandre Steiger (Gauthier), Pascal Reneric (Xavier)..
Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.
De son appartement Alice regarde en surplomb la ville (on a vu mieux avec Tavernier…) puis nous la suivons dévalant escaliers ou sinuant dans des ruelles, avant de franchir des portes, celles de l’Hôtel de ville, quand sur le seuil de l’une d’elles s’affiche le nom du réalisateur... S’il est vrai que le générique encode le film, voilà une déambulation dans l’espace urbain qui correspondrait à une trajectoire (avec ses traquenards ses chemins de traverse) ou plutôt serait l’illustration de la distance qui sépare le maire de ses concitoyens.
L’écart -décliné ad libitum- sera d’ailleurs une thématique majeure du film
Une fois employée "pour prendre du recul" (par rapport à quoi???) pour aider à "penser", Alice, trentenaire célibataire, se plaît à rédiger des notes sur les comportements que se doit d’adopter un homme politique, comportements dérivés de textes philosophiques ; la modestie en sera le "maître-mot"
Alice et le maire sont d’abord filmés en champ contre champ jusqu’au moment suprême -celui de la rédaction à 4 mains du "discours du siècle"- où les deux personnages sont côte à côte dans le même cadre et avec inversion des "positions": Alice assise tape sur le clavier ce que dicte le maire ...debout... .puis le maire s’assiéra...Inversion des positions, inversion des rôles ? Le maire jusque-là lecteur de discours, est devenu auteur…
Le film est aussi une sorte de voyage initiatique ; au bout d’un itinéraire fait de confrontation de partage et d’échange d’idées (importance souveraine des dialogues) chaque protagoniste aura fait un choix et l’assumera (ce que dit explicitement l’épilogue)
Hélas! voilà un film qui après Roubaix une lumière ou Au nom de la terre, vaut surtout pour l’interprétation de ses acteurs (Luchini qui souvent exaspère par l’outrance, le cabotinage, est ici tout en retenue et Anaïs Desmoutier est toujours aussi vibrante de finesse)
Car avouons-le la mise en scène du monde politique est bien convenue et les thématiques - celle de l’effondrement de nos démocraties et celle de la désertion de la culture dans l’exercice de l’État- méritaient mieux (on avait moyennement apprécié le grand jeu) même si s'impose cette fascination -sincère- pour la pensée dialogale
Est-ce la folie qui lui fait découvrir la vérité ou la vérité qui la rend folle ? s’interroge hébété Gauthier (ex ami d’Alice) à propos de son épouse Delphine. Et le film se plaît à jeter le discrédit sur le comportement et les idées de cette femme. ...Or n’était-ce pas la Voix de la Conscience ?
Colette Lallement-Duchoze