de Dexter Flectcher
avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden
Sélection Cannes 2019
Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John. Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.
Producteur du film, Elton John avait demandé à ce que la personne qui joue son rôle "sache chanter ". Ainsi et contrairement à la majorité des biopics musicaux, l'acteur Taron Egerton chante en les réinterprétant chacune des chansons de Rocketman. Et rien que pour la "prestation" de l’acteur et le plaisir de réentendre les tubes des années 70 80, cette fiction romancée qui tient du biopic et de la comédie musicale vaudrait le déplacement!!!
Une scène d’ouverture fracassante : le chanteur en costume à plumes et cornes rouges, entre dans le champ de la caméra avançant vers elle comme s’il allait se produire sur scène...En fait il est attendu par le groupe des alcooliques anonymes ; dès lors il va "raconter" "se raconter" : son enfance entre un père militaire très distant et une mère folâtre, le trauma dû au manque d’affection (hormis celle prodiguée par la grand-mère) ses débuts de jeune pianiste prodige, et son ascension fulgurante, jusqu’à la cure de désintoxication. Soit pour simplifier enfance, ascension, rédemption. Ce schéma lui-même est frappé de suspicion
Et si j’étais moins bon sans l’alcool et les drogues ?
La suite du parcours ce sera pour le générique de fin mais qui insiste plus sur des choix de vie que sur la musique (abstinence depuis 28 ans…création d’une fondation qui lutte contre le sida, découverte de l’amour).
Le film doit dire toute la vérité, sur l’addiction à l’alcool, aux drogues, sur la solitude de l’homosexuel Hélas leur traitement est souvent entaché par une forme très désagréable de complaisance… L'émotion sincère (?) d'Elton John en découvrant le film à Cannes ne serait-elle pas liée à la fabrication d’une légende -à laquelle d'ailleurs il a été fier de participer ??? Un biopic aux accents d’hagiographie ???
Il est regrettable que le symbolisme du "dénuement" (Taron Egerton au cours de sa "confession" se débarrasse progressivement de son costume flamboyant pour se revêtir in fine d’un peignoir gris terne) soit si éculé.
Dommage aussi que le trauma de l’enfant mal aimé - thématique récurrente- soit si appuyé (et la séquence au fond d’une piscine où le chanteur est confronté à son moi/enfant en scaphandre est d'un goût douteux …)
De même les "scènes d’apesanteur" censées illustrer la chanson titre (homme fusée) où l’on voit le chanteur décoller de son piano alors que la foule en délire est en lévitation, frisent le grotesque
Un film au rythme souvent enlevé qui, à n’en pas douter, aura autant de détracteurs que de zélateurs !!
Colette Lallement-Duchoze