25 mai 2019 6 25 /05 /mai /2019 19:53

De  João Salaviza et Renée Nader Messora

 

Avec Henrique Ihjãc KrahôKôtô Krahô

 

prix spécial du jury festival de Cannes 2018 Un Certain Regard

 

Habité par le pouvoir de communiquer avec les morts, un jeune Indien du Brésil refuse de devenir chaman et décide de quitter les siens pour échapper aux esprits...

Le chant de la forêt

D’une beauté visuelle et plastique sidérante "le chant de la forêt" (à Cannes 2018 "les morts et les autres")  entrelace documentaire, fable ethnographique, récit initiatique. Il nous immerge dans le village de Pedra Blanca -où vit une communauté indigène celle des Krahos- au nord du Brésil. Et c’est le parcours d’Ihjac (son refus d’être chaman, son éloignement de la forêt vers la ville et son retour) qui servira de trame scénaristique 

La séquence d’ouverture (reprise en écho à la fin) mêle croyances onirisme osmose entre l’homme et la nature. Ihjac entend l’appel de son père défunt qui le guide jusqu’à une cascade. La caméra le suit dans le dédale végétal et son torse, par les vibrations de la lumière et de l’ombre, se métamorphose en un tableau de verdure… Son père lui enjoint de préparer la fête de fin de deuil qui lui permettra de rejoindre le village des morts et d’accéder à l’éternité…

Mais!

Un film qui ne se raconte pas ; un film qui nous habite

Il faut se laisser emporter, moins par la peinture des rites et des activités domestiques (on serait alors le spectateur friand d’exotisme), moins par la confrontation avec le monde des « blancs » (seconde partie quand Ijhac est soumis aux diktats administratifs de l’utilitaire) que par la qualité d’écoute d’un peuple (voué à disparaître?) qui nous (ré)apprend à entendre le "chant de la forêt" ; c’est le bruissement d’un Etre-là que n’a pas altéré la prétendue "civilisation"  technologique et capitaliste

 

Et l’indolence apparente -celle du rythme, de la durée des plans, des gestes et des paroles- n’est pas lenteur calculée ; elle illustre un rapport au temps, inviolé lui aussi, écoutons-le frémir !

À ne pas rater !!

 

Colette Lallement-Duchoze

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche