6 avril 2019 6 06 /04 /avril /2019 08:15

De Michel Leclerc

avec  Edouard Baer, Leïla Bekti, Tom Levy (Corentin), Baya Kasmi

Sophia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine magrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme, cultive un manque d’ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l’école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la « lutte des classes »....

La lutte des classes

Se croiser? Oui.  Se mélanger ? Non

Serait-ce le constat amer de cette comédie ? Car hormis le « twist » final (un happy end farfelu aux couleurs bigarrées où l’entraide a eu raison de tous les clivages en une chaîne de vêtements dans une école pauvre sous financée et délabrée …) il s’agit bien de l’échec de la mixité sociale dans l’école publique des quartiers populaires. Michel Leclerc et la co-scénariste Baya Kasmi -qui interprète d’ailleurs Melle Delamare, professeur des écoles- ont pris le parti de l’humour, de la comédie, voire de l’extravagance, pour traiter ce sujet (assez grave ..) ; mais dans leurs dialogues qui revisitent tous les "clichés" (sur la prégnance de la religion, l’ascension sociale, la liberté, l’émancipation de la femme, le financement public) ils ont trouvé le ton juste ! -même si quelquefois certains interprètes donnent l’impression de réciter un texte !

 

C’est alors qu’éclate au grand jour la "vraie" problématique : changer d’école – en contournant la carte scolaire par exemple - au lieu de changer l’école ??…. « pour qu’il y ait de la mixité il faut qu’il y ait de la mixité » ce jugement formulé par Paul le père, n’est tautologique que par la forme ; il interroge sur le concept même de mixité : quel sens lui donner dans des quartiers qu’une politique urbaine a ghettoïsés ?

 

La lutte des classes n’est pas celle qui oppose les élèves de Jean Jaurès (l’école publique) et ceux de Saint Benoît (école privée) ; c’est celle d’un combat intérieur : celui de parents confrontés à une réalité que jusque-là leurs idéaux, leurs convictions avaient plus ou moins gommée ou transcendée. Ecole publique versus école privée ? Que choisir pour son enfant ? l’idéal républicain revendiqué s’effritera quand Corentin le "seul blanc" peine à s’intégrer !

 

On pourra toujours déplorer  les limites d’un tel film -la tendance à ménager chèvre et chou, la caricature facile, le foisonnement de sujets abordés-, il n’en reste pas moins que cette comédie très alerte et vivifiante propose une sociologie de quartier ; elle est, en outre, servie par des acteurs hors pair (mention spéciale à Edouard Baer en anar ébouriffé)

A voir !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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