de Lou Jeunet
Avec Noémie Merlant, Niels Schneider, Benjamin Lavernhe Camélia Jordana, Amira Casa
Pour éponger les dettes de son père, Marie de Héredia épouse le poète Henri de Régnier, mais c’est Pierre Louÿs qu’elle aime, poète également, érotomane et grand voyageur. C’est avec lui qu’elle va vivre une initiation à l’amour et à l’érotisme à travers la liaison photographique et littéraire qu’ils s’inventent ensemble.
En art, Curiosa désigne une représentation, écrite ou visuelle, érotique voire pornographique ; -ce que rappelle d'emblée le prologue-; l’art érotique est appelé erotica ou curiosa
Pierre Louÿs (1870-1925), l’érotomane connu du public, en fut l’adepte ; moins connue, sa maîtresse Marie de Régnier (1875-1963) (fille du poète José Maria de Hérédia ; épouse d’un autre poète Henri de Régnier ) l’a pratiqué elle aussi et c’est la "passion" -érotisme/photographie- entre ces deux êtres que Lou Jeunet porte à l’écran.
Certes la réalisatrice apporte un soin particulier aux décors (ah ces papiers peints!!) aux costumes, aux cadres, aux postures lascives et/ou sculpturales et aux éclairages ; certes le personnage de Marie est admirablement interprété par Noémie Merlant (vue récemment dans "les drapeaux de papier " ); certes le thème de l’amour est scruté dans sa dialectique (séduction manipulation aliénation) et pourtant la volupté languide et flamboyante n’est pas au rendez-vous et le film est moins esthétique qu’esthétisant. Or la recherche plastique à tout prix ne saurait rendre compte de la fulgurance du désir et du plaisir ; et les personnages -surtout Niels Schneider qui interprète Pierre Louÿs- ne sont pas "habités".
Bien plus, curiosa mêle sans subtilité préciosité et scènes plus triviales (cf les crêpages de chignon entre Marie et Zohra (Camélia Jordana) la maîtresse algérienne)
Et que dire de ce décalage que provoque la musique électro de Rebotini (revisitant par moments Schubert) ?
La toute première séquence donnait le ton : un jeune homme regarde trois filles et leur mère derrière le miroir sans tain d’un appartement ; c’est Pierre Louÿs chez son ami José Maria de Hérédia .C’est aussi derrière un tel miroir que se tiendrait le spectateur ?
Reste le parcours d’une femme qui s’émancipe des tutelles familiale et conjugale ; elle sera contrainte néanmoins de recourir à un pseudo masculin -Gérard d’Houville- pour éditer son premier livre "l’inconstante"
Colette Lallement-Duchoze