de Igor Voloshin (Slovaquie)
avec Jean-Marc Barr, Olga Simonova, John Robinson
Dans le cadre du festival A L’EST qui aura lieu à Rouen du 26 février au 5 mars 2019 (14ème édition) le film a été présenté lors de la soirée d’ouverture à l'Omnia, en présence de l’acteur Jean-Marc Barr
L'histoire d'un couple dont le mariage bat de l'aile et qui va devoir affronter la disparition de leur fille âgée de 16 ans. Après avoir fêté son anniversaire, la jeune fille ne revient pas à la maison, ce qui va inquiéter ses parents et incite son père à prendre en main la situation..
La disparition d’un enfant est vécue par les parents comme une douleur indicible qui lacère le corps le déchiquette, qui mure l’être devenu suffocation dans la solitude et la quête d’un improbable "retour"; ce qu’ont évoqué avec délicatesse David Grossman dans "tombé hors du temps" et Laurence Tardieu dans "puisque rien ne dure"; ce qu’a porté à l’écran -récemment et avec brio-, le cinéaste roumain Constantin Popescu dans Pororoca, pas un jour ne passe ; dans son film crépusculaire "faute d’amour" le cinéaste russe Andreï Zviaguintsev imposait une dimension politique : le portrait sans concession d’une Russie en déliquescence -à travers celui des deux parents !
Alors que penser de Cellar film slovaque qui traite un sujet identique ?
Il obéit à une double dynamique, déconstruction/reconstruction pour le couple parental et l’inverse pour la quête de la vérité. En effet, le couple qui se délitait se "reconstruira" progressivement dans la douleur de la perte de leur fille unique Lenka. Agacé par l’impéritie de l’enquêteur officiel, le père Milan (Jean-Marc Barr) prend le relais en se faisant lui-même justicier et ...tortionnaire afin de soutirer les aveux du "présumé coupable"
Les premières images (ambiance de drogue fumée matelas incandescence de cigarettes ) qui s’imposent à l’écran -malgré le flou- encodaient le film sous la forme d’un puzzle dont chaque élément extirpé de la multiplicité serait l’objet d’un traitement particulier. Et dès la disparition de l’adolescente, -elle quittera définitivement l’écran alors qu’elle marche seule sur la route et qu’elle tente désespérément d’appeler sa mère- le spectateur sait ou du moins devine …la suite est hors champ, elle sera mise en images lors des aveux -soutirés sous la menace. Un refus du suspense "traditionnel" donc ; ce qui n’est nullement un défaut ! Bien au contraire !
Mais le scénario installe pesamment un dispositif dans une dimension binaire -opposition générationnelle quant aux choix musicaux ; alternance scènes de colère contenue -les parents- et d’exaltation de la vie -Lenka et son amie Beta-
Et après la disparition de Lenka, il impose une "logique" dont le traitement est peu convaincant. Que de longueurs et de plans récurrents inutiles ! (voiture et itinéraire en lacets ; escalier à l’intérieur de la maison, vue en plongée sur le feu dans le jardin, etc..) Et que dire de la séquence où la femme Tana découvre quasiment in situ la relation adultère de son mari, sinon qu’elle frise le ridicule ? Et que penser du jeu de l’acteur principal Jean-Marc Barr ?? (on ne voit pas la transformation d’un père éploré en individu habité par la monomanie d’une soif vengeresse)
Impression plus que mitigée donc...
Mais ce n’est qu’un point de vue ; le film a conquis de nombreux spectateurs (à la fois pour son scénario, ses ambiances musicales et le jeu de tous les acteurs)
Colette Lallement-Duchoze