4 janvier 2019 5 04 /01 /janvier /2019 06:24

de Hiner Saleem (Turquie France)

avec Mehmet Kurtulus, Ezgi Mola, Mesut Akusta 

Lady Winsley, une romancière américaine est assassinée sur une petite île turque. Le célèbre inspecteur Fergan arrive d'Istanbul pour mener l'enquête. Très vite il doit faire face à des secrets bien gardés dans ce petit coin de pays où les tabous sont nombreux, les liens familiaux étroits, les traditions ancestrales et la diversité ethnique plus larges que les esprits...

Qui a tué Lady Winsley?

Loin des afféteries symboliques de Kilomètre zéro, loin du surréalisme et de l’absurde de Vodka Lemon et après s’être frotté au genre western « à la kurde » dans My sweet pepper land, Hiner Saleem (d’origine kurde il vit à Paris) va utiliser les codes du polar pour les déjouer avec facétie -sa marque de fabrique- et les mettre au service du thème qui le taraude : l’oppression de son peuple

 

Dès le générique des images/peintures kitsch d’un mauvais goût ou d’un goût grossier- et qui seront reprises en partie seulement- semblent illustrer un propos et servir de mode d’emploi. Ce roman photo est relayé par des plans majestueux: un homme seul filmé de dos, à la proue d’un bateau ; le plan s’élargit : on franchit le Bosphore, ellipse : c’est la jetée, l’homme élégant toujours seul vient de débarquer  sur une île. Nous sommes à Büyükada où un meurtre a été commis ; lui c’est l’inspecteur Fergan envoyé d’Istanbul ; avec ses faux airs de Grégory Peck, son imper à la Bogart, il a décelé dès le début deux indices qui en bonne logique aideront à trouver rapidement le coupable : l’arme utilisée et la goutte de sang dans l’oeil gauche de la victime (car si c’était le droit????)

Mais c’est sans compter sur la mesquinerie, les mensonges, le racisme, la xénophobie, le sexisme des habitants ; séparés par les conventions ancestrales très machistes, filmés séparément en groupes avec ces plans qui les montrent en enfilade ou en frontal comme dans « si tu meurs je te tue »,  femmes et hommes, Iliens consanguins, éructent la même rancœur à l’encontre de l’étranger, du Kurde en particulier, revendiquent la même justice immanente comme dans une zone de non-droit ! (ici on tue qui on veut affirme péremptoire une femme)

 

Intrigue policière (avec effet de miroir car l’inspecteur est comme le double de la romancière assassinée qui avait remué des secrets!!) intrigue sentimentale (ce serait le point faible du film) quête de soi (ou quand des révélations sur les origines de Fergan exacerbent les inimitiés) Qui a tué Lady Winsley est tout cela à la fois ; et si le réalisateur lorgne toujours du côté du burlesque (façon Otar Iosseliani), le ton facétieux et l’humour se sont un peu émoussés et avouons-le certains gags sont convenus…

 

Mais pour ceux qui découvriraient Hiner Saleem, Qui a tué lady Winsley est un film agréable à voir ; une fable non corrosive certes mais empreinte d’humour sur l’intolérance et le racisme 

 

Colette Lallement-Duchoze

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commentaires

S
de qui sont les peintures kitsch du générique ?
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