de Valeria Bruni Tedeschi
avec VBT, Pierre Arditi, Valeria Golino, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, Laurent Stocker, Vincent Perez, Xavier Beauvois
Une grande et belle propriété sur la Côte d’Azur. Un endroit qui semble hors du temps et protégé du monde. Anna arrive avec sa fille pour quelques jours de vacances. Au milieu de sa famille, de leurs amis, et des employés, Anna doit gérer sa rupture toute fraîche et l’écriture de son prochain film. Derrière les rires, les colères, les secrets, naissent des rapports de domination, des peurs et des désirs. Chacun se bouche les oreilles aux bruits du monde et doit se débrouiller avec le mystère de sa propre existence.
Dès la séquence d’ouverture, on sait qu’Anna (Valeria Bruni Tedeschi) est une cinéaste italienne installée en France ; elle a rendez-vous au CNC pour soumettre son projet...avant de partir en vacances avec son compagnon Luca (Riccardo Scarmarcio) Or ce dernier lui fait gentiment (euphémisme) comprendre qu’il préfère rester dans la Capitale ...scène de "rupture" dans un bar puis sur le trottoir ! Éplorée la cinéaste ne saura qu’offrir ses larmes au jury de la commission de l’avance sur recettes !
Le reste de l’intrigue se déroulera dans une villa somptueuse (épithète légèrement ironique car la propriété sur la Côte d’Azur se délite à l’instar d’ailleurs des fêlures qui habitent tous les protagonistes) une propriété palatiale qui abrite outre le noyau familial, les domestiques et le temps d’un été des collaborateurs du projet d’Anna. Et ce huis clos sera à la fois théâtre (le film est découpé en 3 actes suivis d’un épilogue) d’une chronique familiale et mise en scène d’un processus créatif : comment la vie devient fiction ; le spectateur jouant le rôle de témoin et voyeur de ce vécu ainsi métamorphosé. Si beaucoup d’aspects renvoient à la "vie" de l’actrice/réalisatrice : rupture récente traumatisante, famille riche, mère pianiste, père dans les affaires, frère mort du sida -auquel le film est dédié- Valerie Bruni Tedeschi va s’efforcer de leur donner une portée universelle ...
Elle adopte -et adapte- le ton de la comédie , mais d’une comédie aux accents mélancoliques et parfois ridicules. Autant la scène sur le quai de la gare est presque un morceau d’anthologie autant la discussion dans la piscine sur la "gôche" entre Arditi (censé être un Sarkozy, qui licencie à tout-va ...) et Noémie Lvovsky , semble suspecte ou du moins fort maladroite. Et quand Arditi insulte son épouse (sœur d’Anna) " tu me fais chier" son éructation qui traverse les murs de la villa crée un effet de boomerang sur le spectateur
Les thèmes chers à la réalisatrice sont abordés... ..de façon biaisée -elle donne à tous les personnages qui entrent et sortent côté « cour » et côté « jardin » un temps de paroles bien minuté ; on met à nu qui ses problèmes de couple, qui son envie irrépressible de fuir, qui sa nostalgie, etc...le chef d’orchestre étant moins Anna (empêtrée dans sa douleur de femme abandonnée et de cinéaste progressivement "évaporée" cf l’épilogue) que sa fille adoptée. La symbolique récurrente des barrières (celles que l’on doit dresser pour éviter le passage des sangliers et celles auxquelles se heurtent certaines pulsions) est trop appuyée ! Il en va de même en ce qui concerne la "présence" du frère disparu..."présence" censée illustrer la prégnance d'une Douleur, celle de la perte
Un film à vocation cathartique mais qui vaut surtout pour son casting ….
Colette Lallement-Duchoze