de Kheiron
avec Kheiron, Catherine Deneuve, André Dussollier
Waël, un ancien enfant des rues, vit en banlieue parisienne de petites arnaques qu’il commet avec Monique, une femme à la retraite qui tient visiblement beaucoup à lui.Sa vie prend un tournant le jour où un ami de cette dernière, Victor, lui offre, sur insistance de Monique, un petit job bénévole dans son centre d’enfants exclus du système scolaire. Waël se retrouve peu à peu responsable d’un groupe de six adolescents expulsés pour absentéisme, insolence ou encore port d’arme.De cette rencontre explosive entre « mauvaises herbes » va naître un véritable miracle.
Il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs
Cette phrase de Victor Hugo citée en exergue servira de fil conducteur au second métrage de Kheiron
Certains critiques vont s’en emparer et la décliner pour mettre à nu les failles de cette comédie….
Dans "nous trois ou rien" l’acteur réalisateur humoriste -qui interprétait le personnage du père- s’inspirait du parcours de ses parents, depuis leur départ d’Iran jusqu’à leur intégration en France. Dans Mauvaises herbes il s’inspire de ses années d’éducateur; mais le prologue (scènes de guerre, survie d’un gamin dans les décombres) double le point de vue : la guerre et ses séquelles. L’enfant rescapé c’est Waël. Et le film va jouer avec deux temporalités : le passé où Waël l’enfant orphelin vivote de larcins et le présent où Wael adulte est plus ou moins "contraint" d’exercer le métier d’éducateur face à 6 rebelles les "mauvaises herbes" exclues du système scolaire. Les images du passé -tournées au Maroc- dans des tons ocres donnent progressivement un corps à une enfance plus que cabossée ; et si Waêl survit c’est grâce à une sœur de Bonté...Le moment présent, le collège en particulier, a été filmé à Montreuil- lieu clos comme renfermé sur lui-même aux tons gris où les touches de vert rappellent la poussée des mauvaises herbes à travers la chape de béton
La thématique de cette comédie ? Importance de l’éducation et de la transmission. Non pas un pseudo- documentaire qui stigmatiserait la "banlieue" mais un hymne (sincère, un tantinet naïf parfois) à la solidarité au courage à la fraternité
Certes il y a de la surenchère, des maladresses, voire de l’outrance (Victor-le personnage- est effaré devant l’accoutrement ridicule de Monique -Catherine Deneuve- mais Dussolier -l’acteur- ne peut réprimer un (sou) rire…) Certes des personnages secondaires n’échappent pas à une typologie caricaturale (flic éducateur véreux) ou sont mal traités (la sœur avocate)
Mais le réalisateur a souvent trouvé le "ton" juste (il se contente par exemple de "suggérer" la pédophilie et l'inceste;) il n'est jamais "moralisateur"; et certains dialogues et/ou situations sont tout simplement savoureux..
Alors oui on peut rire de bon coeur ; alors oui ces mauvaises herbes sont en réalité des êtres attachants porteurs de valeurs que ce conte a révélées
Colette Lallement-Duchoze