de Gustavo Pizzi (Brésil)
avec Karine Teles, Otavio Müller, Adriana Esteves
Irène, mère de famille brésilienne, a des journées bien remplies. Entre 4 garçons, un mari rêveur, une sœur au bord de la crise de nerfs et une maison qui prend l’eau, elle tâche de tout orchestrer. Quand son aîné de 17 ans, recruté par une équipe de handball, annonce son départ pour l’Europe, Irène est prise de court : saura-t-elle, avec son optimisme bienveillant, inventer un nouveau quotidien pour sa tribu ?
Le film se présente comme une suite de petites scènes, de tableautins, d’où émerge une figure tutélaire, celle d’une mère aimante (Irène a quatre garçons; le départ imminent de l’aîné sélectionné par une équipe allemande de handball est vécu comme une amputation), celle d’une épouse qui ne s’en laisse pas conter (son mari est un brin mollasson en tout cas velléitaire). Comme les ratés domestiques (plomberie, porte condamnée qui oblige à passer par la fenêtre) elle perd parfois pédale (une seule séquence toutefois où elle crie son désarroi et risque de flancher ...mais son enthousiasme sa vitalité reprennent vite le dessus).
Une famille élargie (car la sœur d’Irène, victime de violences conjugales a élu domicile chez elle avec son fils) ; une famille modeste dans un contexte socio-économique que l’on devine au détour de transactions (avec la bureaucratie locale) d’humilités (la scène où Irène fière d’avoir réussi son bac pour adultes invite son ex employeuse à la cérémonie de remise de diplôme, frappe par ses non-dits si éloquents) de constats amers (délocalisation des usines qui hésitent à embaucher)
L’essentiel pour le réalisateur (qui est aussi le mari de l’actrice) est de montrer la vitalité d’un personnage quasi "loachien". Un personnage ordinaire qui par son énergie sa bienveillance en deviendrait presque extraordinaire ! Et l’actrice Karine Teles - qui est de tous les plans- interprète à merveille ce rôle
Et pourtant !
Est-ce la répétition (échelle qu’on escalade pour entrer ou sortir) est-ce l’insistance de certains plans -là où on eût aimé un peu plus de sobriété (l’exemple le plus frappant est celui où les deux corps de la mère et de son fils blotti en position fœtale semblent dériver sur une bouée) ou encore ? Est-ce tout cela qui fait que ces petits riens qui jalonnent le quotidien d’une vie « comme elle vient » perdent de leur intensité ?
Un film à voir ! Bien évidemment !
Colette Lallement-Duchoze