19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 08:11

d'Andrea Bescond et Eric Métayer

avec A Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Cyrille Mariesse

 

présenté au festival de Cannes (Un Certain Regard)

Ce film est l'adaptation de leur pièce de théâtre "Les Chatouilles ou la danse de la colère"

Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d'un ami de ses parents qui lui propose de "jouer aux chatouilles"? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie.... 

Les Chatouilles

Avouons-le sans ambages : l’adaptation à l’écran du spectacle Les chatouilles Ou la danse de la colère -Andréa Bescond seule sur scène y interprétait tous les rôles- m’a déçue.

Le pathos, que l’extrême vélocité dans le changement de personnages, le fait de happer l’air ou de s’arc-bouter dans le silence et les pointes d’humour avaient évacué sur scène, investit dans le film trop de séquences -ne serait-ce que par des plans trop appuyés sur ou sur…

On pourrait appliquer à ce film le "bilan" qu'un professeur de danse (interprété par Eric Métayer) fait d’une chorégraphie d’Odette  "elle dégage beaucoup d’émotion mais manque totalement de technique"

Certes l’énergie rageuse d’Andrea Bescond - elle interprète Odette adulte trentenaire- est restée intacte, Sur scène l'actrice usait de son corps comme d'un partenaire pour faire naître la cohorte des témoins :  Elle avait trouvé le ton juste entre l'hyperréalisme et la petite touche de comédie qui permet au spectateur de respirer, voire de rire. .Mais en passant de la scène à l’écran, "son" personnage est comme "héroïsé"…Et  son interprétation - une forte tendance à surjouer - se heurte à celle de tous les autres acteurs si "justes" au demeurant (Pierre Deladonchamps le violeur pédophile, Karine Viard la mère bourgeoise plus préoccupée du regard des autres que de la douleur de sa propre fille ou encore Clovis Cornillac en père bienveillant )

L’éclatement chronologique et  la coexistence de deux époques dans le même plan voire le même cadre, le déplacement de la psy à l’intérieur de la pensée reconstituée, ce procédé trop répété a quelque chose d’artificiel. Et pourtant le début avait entraîné le spectateur vers une autre manière de filmer : Odette (Andrea Bescond) danse sur un fond noir puis flash back par un raccord sur un dessin que la jeune Odette (Cyrille Mariesse) esquisse, avant que n’entre dans le champ de la caméra Gilbert, une proposition, la porte rose de la salle de bains qui se ferme – tout est dit et suggéré à la fois : viol hors champ trauma que l’on cherche - des années plus tard- à exorciser dans la danse dans la dernière scène (en écho d’ailleurs avec la première) l’enfance que les viols lui avaient arrachée, Odette la retrouve symboliquement !!

Il semblerait qu’à force de mélanger tous les styles (certains plans sur fond noir  renvoient même à la théâtralité)  le film ne parvienne pas à "trouver" le sien propre alors que la pièce assurait un juste équilibre entre texte et chorégraphie

Cela étant, il faut saluer une démarche courageuse : dénoncer la pédophilie, évoquer le lent cheminement vers la "résilience"

Mais elle est moins convaincante dans le film (même si le duo a jugé opportun d'ajouter le témoignage de la soeur de Gilbert, lors du procès )

On peut être écriveur sans être écrivain

Ce n’est pas la colle qui fait le collage (Max Ernst)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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