Documentaire réalisé par Laetitia Carton
présenté au festival de Cannes
Chaque été, dans l’Allier, des milliers de personnes venues des quatre coins de l’Europe se réunissent pendant sept jours et huit nuits pour participer au Grand Bal. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça chante. Et la vie pulse
Le film s’ouvre sur une sorte de voyage dans le temps -la voix off de la réalisatrice au volant de sa voiture, rappelle sa première expérience de grand bal, s’appropriant une tradition familiale-, et dans l’espace : une route comme perdue dans un vaste paysage nimbé de brume.
C’est que l’expérience du grand bal est à la fois un continuum -le choix des musiques et danses le prouverait aisément : mazurka, branle de Noirmoutier, quadrille anglais, cercle circassien- et immersion dans un espace où le temps semble aboli. Nous sommes certes dans l’Allier, où chaque année des milliers de personnes (de tous âges) se retrouvent, apprennent à danser dans des ateliers le matin et le soir célèbrent en une liesse collective le plaisir de la danse. Mais dans cette campagne reculée, la réalisatrice caméra à l’épaule, parvient à immerger le spectateur dans un microcosme où les danseurs ne formeront plus qu’un seul Corps et où -effet hypnotique?- le temps est comme suspendu.
Hormis le commentaire (voix off de Laetitia Carton) qui pêche parfois par excès de poésie ou de « pédagogie » ce documentaire est un hymne vibrant d’énergie
En quelques plans rapides sont évoquées les conditions matérielles (bracelet, cantine, tentes, hamacs etc..) mais l’essentiel est ailleurs
Voici donc des couples qui se forment animés par l’unique plaisir (passion) de danser, voici des danses collectives, voici des orchestres (la réalisatrice alterne d’ailleurs vues en frontal ou légère contre plongée sur les instrumentistes et vues d’ensemble sur les danseurs quand la caméra ne s’attarde pas sur des couples en plans moyens). Et même pendant les « pauses » (cantine par exemple) certains continuent à évoluer dans l’espace comme des danseurs ! Le désir -avec ou sans connotation sexuelle- affleure, la caméra le rend palpable (des yeux clos, des mains qui se cherchent, des frémissements de paroles chuchotées, des regards..)
Le grand bal c’est un rythme, mais surtout une expérience collective hors norme -et certains témoignages de personnes interrogées évoquent la magie de la découverte et du partage (l’individualisme si forcené au quotidien est ici relégué au vestiaire)
Le grand bal ou le flux et reflux du vertige
Le grand bal un ondoiement de couleurs de sons de sourires et de corps, qui traverse l’écran !
Colette Lallement-Duchoze
PS attention ce documentaire risque de quitter l'affiche mercredi 14