de Benoît Delépine et Gustave Kervern
avec Jean Dujardin Yolande Moreau
Argument:
"Escroc à la petite semaine immoral et odieux, obsédé par la réussite et allergique à l'effort,Jacques (Jean Dujardin) débarque dans la vie de sa soeur (Yolande Moreau), gérante d'une communauté Emmaüs, bien décidé à trouver la recette du succès".
Une filmographie qui plaide pour l’humain en dénonçant les dérives d’un système qui broie les faibles et les éclopés de la vie, une esthétique déjantée qui exalte la colère (‘Aaltra Mammuth Le grand soir), c’est bien la marque du tandem Kervern Delépine. Pour I Feel Good, ils ont tourné dans le village Emmaüs de Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantiques) "une communauté alternative qui accueille les compagnons et développe plusieurs activités : une zone de bric-à-brac, une recyclerie-déchetterie et une ferme alternative"
Yolande Moreau est Monique la directrice et Jean Dujardin le frère Jacques qui débarque -en peignoir...- Nourri de clichés empreints de macronisme ; clichés qu’il récite comme un bréviaire (et il est truffé de perles !!!) ce loser, est moins à la recherche d’un travail "authentique" que d’une idée qui devrait le rendre immensément riche...Jusque-là tous ses plans ont foiré -et à mesure qu’il les évoque, face à sa sœur médusée, leur illustration à l’écran en dénonce l’imposture ...et le ridicule
L’affrontement (verbal) entre le frère et la sœur ou l’illustration d’un clash entre le monde de la solidarité et celui du profit à tout prix ? (à un moment Yolande Moreau murmure, aimante et bienveillante, les bienfaits de la solidarité, d’un monde qui n’est pas contaminé par la violence mortifère de l’argent et le village -groupuscule- en est la preuve éclatante )
Mais le film réserve des surprises: le frère a réussi ...à convaincre des compagnons en quête d’une certaine IMAGE (vendue comme condition sine qua non de leur bonheur ou du moins d'un mieux-être) , de pratiquer une chirurgie plastique à bas prix...en Bulgarie….
Et au final un vrai twist ! Comme ultime pied de nez !!!
Si le choix du plan séquence assure une certaine fluidité (ce qu’a toujours privilégié le duo de metteurs en scène) si le jeu des deux acteurs est "impeccable" (surtout Jean Dujardin qui pour le rôle s’est inspiré de Vittorio Gassman) si la comédie aux allures de fable entraîne sinon l’adhésion du moins la connivence, il y a néanmoins quelques "longueurs" et cette "fâcheuse impression" d’un spectacle cadré et apprêté, ce qui risque d’altérer le plaisir du spectateur.
Il est vrai qu’on est loin de la veine surréaliste d’Avida de l’inventivité d’Aaltra et du duo frappadingue du "grand soir"….
Colette Lallement-Duchoze