De Paolo et Vittorio Taviani Italie
Avec Luca Marinelli, Lorenzo Richelmy, Valentina Bellé
argument: 1944 Collines des Langhe près de Turin pendant la guerre civile italienne....Entré dans la Résistance un jeune partisan découvre que la femme qu'il aime est tombée amoureuse de son meilleur ami, partisan lui aussi. Partant à la recherche de ce dernier, il apprend qu'il a été arrêté par les fascistes...
Une intersection dans un paysage quasiment noyé dans le brouillard : deux "partisans" qui patrouillent ; Milton (Luca Marinelli) choisit contre l’avis de son compagnon d’armes le chemin qui le mènera vers son passé. Ce premier plan illustre le questionnement qui est au coeur de tout le film : una questione privata primerait-elle sur le politique -sans remettre en cause le choix de l’engagement ?
En pénétrant dans l’immense demeure c’est tout un pan de son passé qui resurgit : la lumière triomphe du brouillard mais une zone d’ombre s’impose désormais : a-t-il été trahi par son ami Giorgio (Lorenzo Richelmy) comme le laisse entendre la gouvernante ?
Dès lors Milton est une force qui va...à la recherche de la Vérité bravant tous les pièges et dangers, en s’opposant d’ailleurs aux ordres de ses supérieurs
Les flash back -récurrents dans tout le film- sont (et chaque spectateur en conviendra) un peu trop "appuyés" (un gros -voire très gros- plan sur un objet, un geste par exemple; une parole, une musique; raccord; et voici un pan du passé ressuscité, revisité dans sa lumière) Le passé c'est l'Eden 1943 : le trio "amoureux" la musique l’insouciance jusqu’à une forme de marivaudage. Le présent c'est la fin de la Deuxième Guerre Mondiale et la lutte fratricide en Italie qui oppose les résistants/ partisans aux fascistes. Milton à la recherche d’un paradis perdu (comme son (pré)nom le suggère...) Milton témoin des pires atrocités (cette gamine lovée dans le giron de sa mère morte qui s’en extirpe à la recherche d’un verre d’eau et qui rejoindra le cadavre, une séquence traitée telle une liturgie macabre; cet adolescent qu'on abat sans autre forme de procès) Milton témoin de ravages plus psychologiques (un prisonnier fasciste qu’on ne peut échanger car il n’est plus que convulsions dans sa vaine imitation d’une batterie imaginaire) Milton obsédé par la jalousie (retrouver coûte que coûte Giorgio et lui soutirer des aveux)
La force de ce film réside dans la restitution d’un champ de bataille intérieur halluciné à l'image de ces montagnes, ces escarpements brumeux, ces pauses dans de piètres refuges, ces bifurcations, cette recherche de repères, de tous ces "tableaux" qui composent un autre champ de bataille !!!
Un film à ne pas manquer!
Colette Lallement-Duchoze