De Jason Reitman (USA)
avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston
argument: Marlo est au bout du rouleau. Prête à accoucher de son troisième enfant, elle doit aussi prêter une attention particulière à son petit garçon… Après la naissance, épuisée, elle se résout à engager une nounou de nuit : Tully est jeune, dynamique, amicale, et s’occupe autant de Marlo que du bébé.
S’inspirant de sa propre expérience la scénariste Diablo Cody crée un personnage féminin en proie au baby blues après l’accouchement d’un troisième enfant. Jusque-là Marlo "assumait" travail à plein temps et "rôle de mère" (deux enfants dont l’un "pas tout à fait comme les autres" à cause d’un dysfonctionnement neurologique non élucidé!) !!! Dès l’instant où elle accepte l’offre d’une nounou de nuit Tully, c’est un "chamboulement" qui s’opère dans son quotidien.
Le film se prête à une lecture plurielle (identité mise à mal, confrontation entre ce que l’on était et ce que l’on est devenu, image que le corps exténué et déformé par les grossesses renvoie à soi-même et aux autres, la maternité et son mythique épanouissement, crise de la quarantaine, deuil de sa jeunesse, rôle du mari/père etc.) Le spectateur assistera dans l’avant-dernière séquence à un "chamboulement"...Est-ce pour autant un twist ? Non (hormis pour le mari…) Trop de signes avant-coureurs dans la relation miroir Marlo/Tully : les plans cadrés sur les deux visages, ou la superposition des deux silhouettes, la récurrence de l’élément liquide sont comme les "échos visuels à la dualité" .et l’effet redondant de certains propos ne saurait tromper!!
Le regard amorphe, le corps empâté -et que la caméra ausculte- l’actrice Charlize Theron -ex mannequin, elle a consenti à prendre plus de 10 kilos pour ce rôle- interprète avec un certain brio cette femme à la fois dépressive et joyeuse (car la déprime post-partum n’exclut pas l’humour) Qu’elle considère Tully comme une Poppins moderne (l’expression est de la scénariste et non de journalistes …..qui se l’ont appropriée) quoi de plus naturel et « moral » à la fois (Tully énonce parfois à la manière d’un catéchisme les leçons pour « reprendre sa vie en main ») !
Moral et bien lisse aussi ce dernier plan où l’on voit assis, de dos, le père et la mère, soit le couple réconcilié dans et par leur choix de vie ! Chacun a tourné définitivement le dos à sa jeunesse !
Un film qui se laisse approcher (il n’est pas sournois) un film qui se laisse voir, mais dont on peut se passer….
Colette Lallement-Duchoze