28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 07:11

De Damien Manivel et Kohei Igarashi Japon, France 

 

avec Takara Kogawa, Keiki Kogawa, Takashi Kogawa, Chisato Kogawa (la famille Kogawa joue son propre rôle) 

Présenté à la 74ème  Mostra de Venise dans la section Orrizonti  

Les montagnes enneigées du Japon. Comme chaque nuit, un poissonnier part travailler au marché en ville. Takara, son fils de six ans, n'arrive pas à se rendormir. Dans la maison silencieuse, le petit garçon dessine un poisson sur une feuille qu'il glisse dans son cartable. Le matin, sa silhouette ensommeillée s'écarte du chemin de l'école et zigzague dans la neige, vers la ville, pour donner le dessin à son père.

Takara, la nuit où j'ai nagé

Le film s’ouvre sur un long plan fixe : des flocons de neige -vus à travers une fenêtre - voltigent dans la nuit …Puis voici le père assis à la cuisine il allume une cigarette -sur son briquet, le logo d’un espadon- ; plan intérieur nuit ; gros plan sur une casquette numérotée ; départ en voiture -plan extérieur nuit.

Avant même que Takara son enfant de 6 ans ne s’extirpe de son lit le spectateur dans le silence de la nuit aura décelé ces indices qui vont baliser le jour qui se lève mais un jour qui ne sera pas "comme les autres"….Takara apparaît tel un petit animal ou un diablotin il rampe  jusqu’à la cuisine ; insomniaque il dessine des poissons multicolores (pieuvre et tortue) C’est le cadeau qu’il veut offrir en mains propres à son père sur son lieu de travail; et aux abords de l’école, il  va "prendre la tangente"

 

Errance dans la neige. Nous sommes à Aomori, au nord de l’Archipel. Les deux réalisateurs vont  suivre Takara  en le filmant à hauteur d’enfant invitant de ce fait le spectateur à adopter son point de vue sur le monde environnant. Petit Poucet il émerge d’un monticule de neige. Le voici assoupi sur un banc à une station de chemin de fer, avant de prendre le train. Il s’égare, bifurque, revient sur ses pas. Il brave une tempête de neige. Si le petit poucet de Rimbaud égrenait des rimes, lui, va retrouver, (en faisant défiler les images enregistrées dans son appareil)  la route qui doit le conduire à la poissonnerie…. où travaille son père…. trop tard !

Le périple aura duré une journée entière entre ombre et lumière, entre amertume et jovialité

 

Un "conte" sans dialogues ; un soin particulier accordé aux bruitages (crissements sur la neige par exemple) des plans fixes aux cadrages savants ; une image à la texture travaillée, un mélange de grâce et de cocasserie ; tout cela fait que Takara la nuit où j’ai nagé est dans sa narration comme dans  sa réalisation,  un film rare!

À voir absolument !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS  Damien Manivel nous avait déjà "envoûtés" avec  "Le  parc"

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