De Egle Vertelyte (Lituanie)
avec Eglé Mikulionyté, Vyto Ruginis, A. Bialobzeskis
1992. Quelque part en Lituanie. Peu de temps après la chute du communisme, Irena, gérante d'une ferme porcine modèle de l'époque soviétique fait tous ses efforts pour l'adapter au nouveau système capitaliste. L'arrivée très démonstrative de Bernardas, businessman américain à la chevelure orangée, est perçue par Irena, comme la réponse à toutes ses prières. Sauveteur aux poches remplies de dollars, animé par les meilleures intentions, il dévoile progressivement des intérêts beaucoup moins nobles.
Une femme ensevelit un énorme porc (ou une truie?) Gros plan sur ses mains rageuses qui le recouvrent de terre puis la femme épuisée (?) s’évanouit….C'est la première séquence.
Le film en un long flash back va retracer le parcours d’Irena -du moins ce qui a causé la mort de l’animal et provoqué sa propre pâmoison.....deux indices d'une double métamorphose !!! deux illustrations d'une double mort (toute symbolique fût-elle...)
Vu d’ici ce film peut résonner profondément ; comment on est passé de l’ère stalinienne à celle de la "mondialisation", comment on a dû changer à la fois d’idéologie et de système économique…comment des Occidentaux ont débarqué afin de racheter usines et bâtiments sur la seule foi de leurs promesses
La réalisatrice accentue le contraste (parfois jusqu’à la caricature) entre la morosité, la désolation et l'exubérance; d’un côté une toile de fond grisâtre, des couleurs délavées ou terreuses– à l’image d’un pays exsangue- de l’autre une Cadillac rutilante et un personnage caracolant ; d’un côté les ruines de l’ère soviétique de l’autre la métaphore du rêve américain ???
Mais le scénario dégage vite une figure dominante celle d’Irena que la réalisatrice filme de près. Femme sûre d’elle-même qui a charge d’âme (un mari alcoolique) et qui dirige avec fermeté l’entreprise porcine, -elle qui semble plus en empathie avec ses animaux qu’avec les humains – Victime dans un premier temps de la haine de ses employés qu’elle ne peut plus payer ; mise au ban de la société villageoise, c’est elle qui accepte l’aide inespérée de l’étranger….Mais elle est aussi une victime idéale -quand elle rêve de partager avec Bernardas -Vyto Ruginis- la future exploitation et qu’elle est complice de l’abattage de tous les arbres à la recherche du magot.....L'actrice Eglé Mikulionyté incarne admirablement ce mélange de rusticité et de sensualité, de fermeté et de fragilité, typique du personnage!
Épilogue : Irena qui ne fréquentait plus l’église, va traverser l’allée centrale sous l’oeil effaré des "fidèles" - porteuse d’un autre "miracle" !!
Cela étant, ce film par certains choix (scénaristiques) et malgré une forme d’humour (qui va jusqu’à l’absurde) malgré la musique (qui fait la part belle aux ballades joyeuses) n’est pas vraiment à la hauteur de ses ambitions
Dommage
Colette Lallement-Duchoze
D'accord avec toi Colette !
La chute du film est assez nulle au demeurant et déstabilise sans intérêt le ton général.
Grosse faiblesse qui retire l'adhésion du spectateur au personnage central.
Serge 17/05/2018