De Walid Mattar (France Tunisie)
avec Philippe Rebbot, Corinne Masiero, Kecey Mottet-Klein , Mohamed Amine Hamzaoui
Nord de la France. L’usine d'Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu'il aime. Les trajectoires de Hervé et Foued se ressemblent et se répondent.
Des feux d’artifice que contemple (dubitative) la famille Lepoutre c’est le plan d’ouverture. En écho au final Foued débarque telle une ombre portée, alors qu’il entend au loin le crépitement d’un feu d’artifice….
Glas ou promesse ?
Le film débute comme une chronique sociale (flirtant avec le docu) : délocalisation d’une usine de fabrication de chaussures. Affrontement. Ouvrier depuis plus de trente ans, Hervé ne se sent pas "solidaire" de la lutte syndicale ; il accepte sans trop de réticence la prime de licenciement (30 000 euros ça fait pas cher de l’année…) ; elle va lui permettre de réaliser son rêve : acheter un bateau et pêcher…
Puis nous quittons la région de Boulogne-sur-Mer et nous voici en Tunisie où Foued -un jeune Tunisien qui vit avec sa mère malade- prend le relais d’Hervé….dans l’usine….relocalisée...
Dès lors le récit se mue en une narration croisée où deux trajectoires vont s’entrechoquer sans se rencontrer. Ce type narratif -s’il n’est pas original- aurait pu être efficace. Mais on passe d’une séquence à l’autre de façon artificielle. Bien évidemment il y a des similitudes : et en premier lieu, les méfaits de la mondialisation, du Nord au Sud ; la "robotisation" de l’ouvrier sous la férule d’un chef d’atelier (le rendement avant tout!!l) Et le titre n’est-il pas la métaphore des difficultés, quand on se bat contre des "vents" contraires.
De part et d’autre de la Méditerranée on rêve d’un ailleurs : la pêche pour Hervé, l’amour pour Foued. Des rêves qui vont finir par s’écraser sur la dure réalité (paperasseries et tracasseries administratives pour Hervé, prise de conscience d’une exploitation forcenée éhontée qui conduit Foued à quitter son pays…) Des saynètes mettent en évidence des petits riens qui font la quotidienneté "partagée": dont les pauses café avec les potes ou les repas en famille...
Mais cet effet miroir semble plaqué et ne crée pas la dynamique attendue
Et la récurrence de certains plans (mer et ciel) accentue paradoxalement l’artificialité du procédé!
Cela étant, on ne peut qu’admirer la prestation de Philippe Rebbot : un geste une attitude une fausse distance tout dans le jeu de l’acteur sonne si juste !!!
Colette Lallement-Duchoze