23 avril 2018
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d'Agnès Jaoui
Avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Léa Drucker, Kévin Azaïs
Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd'hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu'Hélène est restée fidèle à ses convictions.
Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux.
Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein.
Une comédie agréable - comme sait le faire le couple Jaoui/Bacri. Les vedettes du show-business à la Thierry Ardisson ou Patrick Poivre d’Arvor se reconnaîtront.
Il en ressort quelques bonnes répliques qui, mine de rien, poussent assez loin à la réflexion sur ce monde comme il va, en France tout du moins.
“ Internet et les smartphones, c’est bien pire que Big Brother parce que tout le monde est consentant” ...ou encore dans la bouche du personnage dénué de principes qu’interprète Bacri “ il y a les gazelles et les lions, les forts mangent les faibles, c’est normal, ça a toujours été comme ça”...comme si ce constat à moitié vrai en réalité permettait de justifier l’injustice dominante, le rendait éternel, inchangeable. Idem pour la jeunesse, cet animateur télé en bout de course vante la jeunesse quand ça l’arrange (une jeune maîtresse) mais en est victime au travail.
La scène finale où a lieu un duel d’arguments avec un jeune, vedette sans talent particulier, est une belle chute qui renforce la réflexion sur un monde en dérive morale totale, où l’audimat dans les médias prime sur la qualité des émissions. L’amie productrice, à ce propos, dit “les bonnes émissions, les gens ne les regardent pas”... mais n’est-ce pas normal cette fois si les bonnes émissions ne passent qu’en deuxième partie de soirée voire après minuit parfois ?
Le film ne tourne pas que sur le couple Bacri/Jaoui, une série d’autres personnages sont aussi bien campés, la musique qui accompagne la fête est un vrai plaisir,
Bref une crémaillère à la campagne pleine de petits rebondissements comiques sur fond qui égratigne.
En résumé une comédie pour oublier ses soucis mais qui n’endort pas notre conscience.
A voir.
Serge Diaz
Published by cinexpressions