De Jean-Paul Civeyrac
Avec Andranic Manet, Gonzague van Bervesseles, Corentin Fila
Présenté au festival de Berlin (Sélection Panorama)
Étienne quitte sa province pour étudier le cinéma à Paris à l’université. Il y rencontre Mathias et Jean-Noël qui nourrissent la même passion que lui. Mais l’année qui s'écoule va bousculer leurs illusions…
Il serait dommage de passer à coté de ce film en noir et blanc discret mais très riche en thèmes abordés.
Cela se passe aujourd’hui mais l’ambiance rappelle terriblement Jean Eustache (La maman et la putain). Le réalisateur connaît bien le milieu de ces jeunes qui montent à Paris pour apprendre à faire du cinéma. A 20 ans les illusions nous poussent, les exigences sont fortes, l’amour et l’amitié prennent toute leur place dans le quotidien. Les enthousiasmes mais aussi les doutes et déceptions, voire les grandes désillusions jalonnent le parcours étudiant.
Jean-Paul Civeyrac dresse un tableau assez complet des états d’âme de ces jeunes de 20 ans cultivés, passionnés, libres mais seuls dans un Paris où l’on découvre un nouveau monde tout en gardant une nostalgie déjà pour sa province natale. La tonalité générale est mélancolique, voire triste, l’humour qu’on attribue à cette classe d’âge habituellement n’apparaît pas.
Il y a un grand charme qui traverse cette histoire à travers une dizaine de personnages intéressants. L’ accompagnement musical souligne le “mood” du personnage central, calme, intériorisé, mélancolique, sans écraser (superbe adagio de la 5ème symphonie de Mahler, un rappel de Mort à Venise...).
Enfin, pour les cinéphiles c’est un festival de réflexions sur différentes conceptions du cinéma, mêlées à la politique et aux choses de la vie.
“Mes provinciales” est truffé de références littéraires et nous offre une belle balade réflexive pour tous les âges : le cinéma comme on l’aime.
Serge Diaz
Oui il eût été dommage de passer à côté de ce film !!! qui démontre que "l'on est continuellement irreconnaissable, éternellement contraire"
L'incandescence d'une jeunesse (cf les titres de certains chapitres, la poésie de Novalis ou Nerval) qui s'en vient heurter l'Immanence (cf le dernier plan)
Les références littéraires et cinématographiques ne sont pas "ornementation" elles habitent ces jeunes amoureux d'absolu, ces jeunes cinéphiles -dont certains sont très intransigeants et la référence à l'ouvrage de Blaise Pascal en témoigne (refuser catégoriquement tous les arrangements)
Et ce noir et blanc comme hors du Temps!!
Cette façon de capter les visages à la Brancusi!
Etc...
Oui il eût été dommage de....
Colette
8/05/2018