De Josef Hader
avec Josef Hader, Pia Hierzegger, Jörg Hartmann Georg Friedrich
Présenté en compétition à la Berlinale
Un célèbre critique musical est brutalement renvoyé de son journal . Le coup porté à son ego est tel qu’il perd tout sens de la mesure cache la vérité à sa femme, et décide de se venger de son ancien employeur , d’une façon aussi abracadabrante qu’inefficace
Josef Hader connu du public autrichien pour ses one-man show (mais nous l’avons vu dans Stefan Sweig) réalise ici son premier film; une fable douce-amère dont l’humour acide ne séduira pas forcément tous les publics. Des rebondissements amusants, des répliques savoureuses, mais aussi des comportements de potache (lacérer la voiture de son supérieur, jeter dans sa piscine un énorme poisson mort, s’exercer au tir, etc..)
Maladroit, Georg est d’abord dans le déni : il cache à sa femme son éviction du grand journal autrichien où il exerçait sa plume acérée et virulente de critique musical (tout le film sera d’ailleurs traversé par la musique de Vivaldi Beethoven Schubert Mozart Schumann Stravinsky comme contrepoint souvent ou déclencheur de sa folie vengeresse) Son talent n’est pas remis en cause mais il "coûte" trop cher…
Puis il entreprendra méthodiquement sa vengeance confronté à des démons insoupçonnés
Dans cette "descente aux enfers" il s’acoquine avec un loser (qui a décidé de restaurer un grand-huit wild mouse -titre original du film- ) Et la fête foraine en plein centre de Vienne, sera point de chute, lieu des épanchements, des étourdissements tout en étant la caricature d’une société "de spectacle" (rappelons ici que l’ex-critique constate avec lucidité et amertume que l’art est devenu un objet de consommation et que les nouveaux chroniqueurs sont des ignares) C'est là sur ce grand-huit, que les personnages sont filmés "à la renverse". Dégingandé, le chômeur semble savourer des secousses inattendues (lesquelles contrastent avec les positions à l’horizontale dans le rapport sexuel que réclame sa compagne de 43 ans pendant sa période d’ovulation….)
A demi nu enfoncé dans le blanc immaculé d’un paysage, (cf. l'affiche) il tente -après avoir échoué à occire son supérieur- de se suicider ….Peine perdue !
La tête à l’envers est l’histoire d’un pétage de plomb ; l’humour qui délibérément rend les personnages antipathiques (mais si l’humanité n’affleure pas, c’est que précisément elle est à lire en creux…) ne suscite jamais un rire franc tant il est comme " décalé" et très souvent "désenchanté"
Certains des personnages dits secondaires sont filmés avec justesse voire empathie (l'actrice Pia Hierzegger qui incarne la compagne psy est désopilante dans son désir de maternité puis dans ses dérapages "contrôlés"...)
Si l’histoire de mon personnage devenu chômeur était transposée dans un milieu ouvrier où les gens sont vraiment confrontés à la privation, il serait bien difficile d’en rire (Josef Hader)
Un film à voir !
Colette Lallement-Duchoze