De Michael Pearce (G-B)
avec Jessie Buckley, Johnny Flynn, Geraldine James
Film présenté à Beaune pour le 10ème festival international du film policier 2018
Sur l'île de Jersey, une jeune femme tombe amoureuse d'un homme mystérieux. Cette rencontre la pousse à fuir sa famille tyrannique. Alors que l'homme est soupçonné de plusieurs meurtres, elle le défend aveuglément.
Pour son premier long métrage Michael Pearce s’inspire d’un fait divers "la bête de Jersey" -dans les années 1960, un tueur en série avait terrorisé l’île anglo-normande.
Une résonance lointaine cependant ; car le réalisateur privilégie la dialectique des forces antinomiques : attraction/répulsion, animalité/humanité ou des contrastes ombre et lumière, en se focalisant sur le personnage de Moll. Un être trouble car ambivalent ; à la fois soumise aux diktats d’une mère marâtre et habitée par une énergie émancipatrice, elle « cache » un secret...Effet spéculaire : son amant Pascal Renouf est tout aussi ambigu….sous ses dehors angéliques. C’est la nature profonde de cette relation qui dans Jersey Affair prime sur l’identité du meurtrier !l Le "suspense et la tension narrative propres au thriller concernent moins le spectateur que les habitants et la famille de Moll (convaincus que le tueur de jeunes filles est son amant).
Et pourtant quelle déception !
Certes de Jersey le réalisateur exploite le caractère cinégique (d’autant que Moll exerce la fonction de guide...) avec ses plages, ses rochers, ses forêts, ses villages, et ses propriétés cossues. Une île qui devient un personnage à part entière jusqu’à devenir par métaphore un « paysage intérieur »
Mais la bande son envahissante, l’abondance de clichés (l’illusion du fantastique surtout), les dislocations temporelles répétées, les faux présages ou les révélations attendues, un étirement inutile aux deux tiers, une scène finale traitée avec « grandiloquence» tout cela concourt à susciter de l’agacement chez le spectateur et non l’adhésion (attendue…) et ce, quoi qu’en dise le pitch un film qui tient en haleine jusqu’au dernier plan...
Colette Lallement-Duchoze