De Luca Guadagnino USA, Italie, France
Avec Armie Hammer, Timothée Chalamet
musique 3ème pièce extraite de Miroirs pour piano de Ravel
Prix du meilleur scénario adapté (James Ivory) Oscars 2018
Eté 1983 Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, Un jour, Oliver, un séduisant américain, qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont peu à peu se rapprocher..
Naissance du sentiment amoureux, incandescence du désir, torture déchirante de l’absence c’est ce qu’illustre ce film adapté du roman d’André Aciman. Mais là où le narrateur se souvenait avec nostalgie de ces intermittences du coeur, le réalisateur les inscrit dans l’instantanéité, dans le présent de l'été 1983.
Appelle-moi par ton nom (demande Oliver à Elio) Parce que c’était lui parce que c’était moi. Cet aveu d’une fusion non dissimulée et non contrariée qu’affichait Montaigne dans ses Essais joue ici le rôle d’exergue.
Et rien d’étonnant dans cette famille bourgeoise qui vit en osmose avec la culture gréco-romaine comme avec la nature comme avec la villa aux volets mi-clos, aux divans profonds, à la terrasse prodigieuse, On disserte sur l’étymologie, on lit les textes de Catulle...Des parents bienveillants avec leur fils Elio de 17 ans. Malgré (ou à cause de) les morsures de l’amour, ce bel éphèbe à la carrure chétive (Thimotée Chalamet) -la caméra caresse parfois son profil digne de la statuaire grecque- se recroqueville sur les cuisses du père et se love tel un bébé dans le giron maternel. Des parents qui par un silence complice encouragent sa relation avec Oliver (ce dont témoigne à la fin l’aveu du père : il félicite son fils d’avoir vécu pleinement, sans entraves, ce si bel amour pour un autre homme) . Relation dont le réalisateur -James Ivory est le scénariste- analyse avec délicatesse les périodes d’attente, de latence et de langueur, en adoptant le point de vue de l’adolescent
Un film solaire ? Certes
Une nature luxuriante -et en parallèle ombre et fraîcheur que dispense la villa où même les matelas défraîchis semblent porteurs d’une histoire qui n’est pas seulement celle du couple Elio/Oliver-, des baignades, des virées à vélo, un bal au clair de lune, le clair-obscur d’un coucher de soleil et dans l’embrasure d’une fenêtre le torse nu dévoré par le désir, une douleur suggérée par-delà la beauté radieuse -celle d’Oliver interprété par Armie Hammer-, etc.
Mais ce troisième volet de la trilogie consacrée au désir (après Amore et A Bigger Splash) est, à mon avis, trop lisse, à l’instar des cartes postales de la statuaire grecque hellénistique et romaine du générique….à l'instar de l'affiche -bleu vif, visages sereins, typo jaune qui inscrit le titre dans le ciel-...
Colette Lallement-Duchoze