De Ziad Doueiri (Liban)
Avec Adel Karam, Rita Hayek, Kamel El Basha
Film nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger
Kamer El Basha a reçu le prix d'interprétation à Venise
Dans notre culture les mots sont chargés (propos du réalisateur)
tes mots sont inacceptables; les guerres commencent comme ça (dira à un moment du procès le père de Toni)
C’est ce que "démontre" cette fiction : comment une querelle entre deux individus s’envenime jusqu’à menacer la stabilité du pays. Voici Toni -un garagiste chrétien libanais colérique et xénophobe- et Yasser chef de chantier respecté, réfugié palestinien. Le premier ouvre les hostilités (il casse une gouttière), le second l’injurie en le traitant de sale con; le premier exige des excuses le second d’abord réticent est prêt à y consentir... mais les imprécations de Toni (Sharon aurait dû vous exterminer) lui font perdre son sang-froid, il le frappe, côtes cassées.....Procès…. Au déroulé de ce procès correspondent en s’y superposant celui de l’histoire personnelle et intime des deux personnages et celui de l’Histoire du Liban ; et après moult rebondissements on remontera jusqu’au trauma originel
Le film de Ziad Doueiri invite non pas à une prise de conscience mais à une réconciliation.
Or sa charge démonstrative et sa "simplification" vont nuire aux intentions affichées.
Dès que le procès devient l’essentiel de la fiction, celle-ci perd de sa substance ; elle vide les deux personnages principaux de leur identité propre ; les voici témoins extérieurs et muets de leur propre vécu (les partenaires et personnages secondaires sont réduits à un rôle, celui de faire-valoir ou de semblant d’opposition) ; elle s’ingénie aussi à marteler -certes non pas sous forme de slogan- la théorie de la responsabilité partagée dans la guerre qui a éclaté en 1975 et la reconnaissance d’une vérité la victime peut devenir bourreau et vice-versa …..
S le réalisateur rappelle un événement souvent occulté, le massacre de chrétiens en 1976 à Damour, localité au sud de Beyrouth, perpétré vraisemblablement par des milices palestiniennes et s’il le fait avec insistance (cf les visions cauchemardesques dont Toni est encore la victime 45 ans plus tard ; son trauma justifierait sa haine du Palestinien….) il s’interroge simultanément sur le bien-fondé du soutien (aveugle?) à la cause palestinienne. Voilà deux raisons qui expliqueraient peut-être les commentaires dithyrambiques d’une certaine presse de droite ! Seraient-ce aussi celles qui justifient la nomination aux Oscars ?
Colette Lallement-Duchoze
PS il y a tant de non-dits de malentendus et de colère dans ce pays que même si on jouit d’un semblant de stabilité tout peut dégénérer »
Et les événements tout récents corroborent ce constat
Depuis lundi 29/01/2018 la tension monte entre partisans du président du Parlement (le chiite Nabih Berry) et ceux du président -(Michel Aoun) suite à une "insulte" (le courant patriotique libre a traité Nabih Berry de « voyou »….