12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 04:08

De Gentian Koçi  Albanie 

avec Ornela Kapetani (Leta) Suzana Prifti (Sophia) Kasem Hoxha (le facteur)

 

 

Ce film présenté en compétition au festival "à l'est du nouveau" Rouen 2-11 février 2018 a obtenu le prix du public 

 

 

Leta expulsée de son appartement pour ne pas avoir payé son loyer , emménage avec son fils chez Sophia -dont elle est l'infirmière à domicile. Pour garder son travail et son "toit", elle a tout intérêt à ce que Sophia reste en vie...

Daybreak

Une thématique cruelle.

Un traitement d’une rigueur formelle époustouflante

 

On suit le parcours d’une femme infirmière qui après avoir été renvoyée de l’hôpital puis chassée de son appartement... lutte au quotidien pour sa survie.

 

Suggérer plutôt qu’expliquer ; livrer avec parcimonie des éléments informatifs éclairants, privilégier ellipses et non-dits, telle est la démarche de Gentian Koci dans ce film construit comme une tragédie

L’essentiel du drame se passe dans le huis clos de l’appartement de Sophia (une personne âgée, en fin de vie que soigne Leta). Caméra fixe. Succession de "tableaux" comme autant de touches minimalistes. Certains sont magnifiés par une infinie tendresse (quand Leta procède à la toilette de la vieille personne, la coiffe, la pose délicatement sur le fauteuil, ausculte, est à l’écoute de sa respiration); d’autres illustrent le travail répétitif (aspirateur lavage repassage). Quand d’autres par contraste exaltent la Vie : -mère et enfant enlacés sur le canapé pour l’endormissement, mère et enfant nus dans la baignoire où  rires et sourires accompagnent le frémissement cristallin de l’eau

Chaque plan se prêterait à une "analyse" tant la composition le cadrage la répartition des couleurs et les effets de lumière témoignent de la maîtrise du cinéaste

 

L’atmosphère est parfois oppressante : peu de dialogues (une formule laconique dira l’essentiel) mais  désarroi incompréhension, souffrance, douleur tout cela peut se deviner sur le visage de Leta (admirable Ornela Kapetani qui porte le film de bout en bout) de même qu’on lit sur celui de la condamnée le combat entre la survie imposée et le désir d’en finir (je ne supporte plus de souffrir je ne supporte plus ma saleté ); mais à sa requête Leta oppose une fin de non recevoir, justifiée par son renvoi récent de l’hôpital...

 

Le passage du temps est scandé par les apparitions du facteur qui chaque mois vient apporter le montant de la pension; alors que l'extérieur s'invite pour une démarche administrative, une rencontre. Un  plan fixe sur  Leta et son enfant  sur un banc public -elle vient d'être chassée de son appartement- à ses pieds valise et sac ses seuls biens matériels, et c'est la misère du dénuement qui éclate !!

 

Le combat que mène cette jeune femme pour sa survie et celle de son enfant à Tirana aujourd’hui pose le problème des "compromis moraux" en général; mais le réalisateur ne juge pas son personnage! 

Il  égratigne  -l'accusation est à lire en filigrane- un pouvoir indifférent au mal-être des siens- et  il laisse ouvert le débat sur l’euthanasie...

 

Un film d'une rare puissance évocatrice ! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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