21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 06:13

Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l’entrée de leur ville.

3 Billboards  Les panneaux de la vengeance

 Violée pendant qu’elle agonisait il y a plusieurs mois/ Toujours pas la moindre arrestation/ Pourquoi, shérif Willoughby ?

Voilà ce qu’inscrit Mildred Hayes sur trois panneaux publicitaires -loués à l'année- en énormes caractères à l'encre noire sur fond carmin....C'est qu'il faut  alerter non seulement la police mais aussi les médias et toute la communauté.

Début des hostilités puis montée paroxystique de la vengeance de l’entêtement dans une folie monomaniaque jusqu’à cette fin suspendue (la Grâce ? …)

Et simultanément ce sera pour le réalisateur le plaisir d’entraîner son public dans les coulisses d’un théâtre, celui de l’Amérique du Missouri où tout semble à la fois caricatural et humain, grotesque et tendre (Dixon un flic pervers anti-noir anti-gay anti-roux au QI limité n’est pas un personnage figé; il évoluera ...vers ...la rédemption??)

Le film a d'ailleurs obtenu par deux fois le prix du meilleur scénario (Mostra de Venise et Golden Globes) 

Le corps sanglé  dans une  salopette (à l'instar des militaires) et les cheveux dans un  bandana, un visage déterminé, des paroles cinglantes à vous clouer le bec, Frances McDormand incarne cette mère rongée à la fois par la culpabilité (cf l’unique flash back) et la soif de vengeance ; elle est ou plutôt deviendra enragée (elle  a obtenu le prix de la meilleure actrice aux Golden Globes janvier 2018)

 

Le film alterne tensions et retombées (cf colère du couple interrompue par l’intrusion de la nouvelle petite amie du père ; blague sur les céréales et...couteau porté à la gorge, on pourrait multiplier les exemples) et cette alternance crée un certain tempo qu’agrémente la musique country ; la truculence de certains dialogues  (cf."si on virait tous les flics vaguement racistes, il n'en resterait plus que trois qui n'aiment pas les pédés")  provoque un rire "franc" et le trio ainsi que  les personnages dits secondaires -dont le nain tutélaire ou la mère alcoolique de Dixon- jouent efficacement leur partition.

Quant à la trame narrative, si le réalisateur  s’empare de stéréotypes ce serait  pour mieux les dépasser  en refusant le manichéisme, et s'il emprunte des chemins de traverse (entraînant le spectateur dans de "fausses" directions ou de "fausses" pistes dont celle du "faux" tueur) ce serait pour illustrer la complexité de l’être humain... Pourquoi pas ?

Et pourtant ! Si le tout début était prometteur : ensemble militons pour que le viol ne soit plus impuni, très vite le film bascule dans un genre de mélo qui frappe par ses  outrances faciles, ses digressions inutiles ou bavardes et par une "morale" simpliste égrenée tel un bréviaire dans les lettres écrites par Willoughby avant sa mort…"il suffirait de renoncer à la colère pour vivre dans l’harmonie"...

 

Non! On n'est  pas dans le sillage des frères Coen -auxquels pourtant Martin McDonagh veut rendre hommage...

 

Colette Lallement-Duchoze

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