1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 06:27

d'Anne Fontaine

Avec Finnegan OldfieldGrégory GadeboisVincent Macaigne, Jules Porier, Catherine Mouchet, Charles Berling, Isabelle Huppert

Marvin ou la belle éducation

Même si le nom d'Edouard Louis n'est pas mentionné au générique, le film d'Anne Fontaine est bien une libre adaptation du roman "En finir avec Eddy Bellegueule": un adolescent stigmatisé par les siens, car ses airs, son comportement ne correspondent pas aux stéréotypes de son sexe; un adolescent qui subit l'opprobre, les injures. Eddy Bellegueule libéré par l'écriture; Marvin par le théâtre. La scène récurrente du crachat, l'ambiance familiale délétère, (la promiscuité, l'omniprésence de la tv, la fainéantise du père, la résignation de la mère) le rôle de l'école, etc. tout cela est le matériau originel. La dernière partie du film renvoie explicitement au battage médiatique qui a suivi la parution du roman (la presse locale picarde était allée interroger la famille d'Edouard Louis dans son village, famille ulcérée par l'odieux portrait que le fils avait osé brosser)

 

Mais  le jeune romancier inscrivait sa rupture dans une perspective sociologique et philosophique. Alors que la réalisatrice noie son film dans des clichés "faciles"

La famille Bijou? Des bidochons en service commandé 

Les représentants du milieu théâtral? des bourgeois homos (efféminés)

Les tentatives de fuite? Un plan qui opposera en frontal le jeune Marvin à une locomotive

La métamorphose de Marvin Bijou en Martin Clément? Certes la réalisatrice prend soin de répertorier les rencontres majeures déterminantes dans l'initiation : la principale du collège (l'interprétation de Catherine Mouchet frappe par sa délicate sobriété), le metteur en scène Albert Pinto (un Vincent Macaigne tout en retenue) et cet amant singulier (Charles Berling) qui lui fait connaître Isabelle Huppert (dans son propre rôle)

Mais au niveau narratif c'est le va-et-vient constant entre le moment présent et le passé, entre Paris  et la province (Vosges). Martin écrit, il se remémore son passé, celui-ci resurgit; Jules Porier (Marvin ado) se substitue à  Finnegan Oldfield (Martin) -cf l'affiche; et des raccords thématiques ou des surimpressions relient les séquences entre elles; mais très vite on se lasse de ce schéma narratif  qui fleure le procédé

Le récit autobiographique consigné dans un carnet,  Martin l'adapte pour le théâtre; il y interprétera son propre rôle aux côtés d'Isabelle Huppert dans le rôle de la mère; la pièce fait un tabac...

 

Marvin s'est ainsi libéré d'un carcan; il est devenu comédien et auteur d'un spectacle sur sa propre vie ... Marvin ou la belle éducation (ce terme étant pris dans ses différentes acceptions)

 

Un casting "parfait" (saluons entre autres la prestation de Grégory Gadebois dans le rôle de Dany, un père bourru, brut de décoffrage mais si "bienveillant") pour un film plus ou moins raté. Et les plans prolongés sur un torse nu, sur un visage angélique vu de trois quarts, le procédé de l'enchâssement -théâtre dans le théâtre- ne vont pas au-delà d'une banale illustration (hélas souvent caricaturale....)

 

Dommage

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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