De Gaël Morel
avec Sandrine Bonnaire, Mouna Fettou, Kamal El Amri
Argument:
Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que de se résigner au chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc…
Très beau film avec Sandrine Bonnaire ! (mais qu’est-ce qui a pris à cette excellente actrice qu’on aime tant de se faire faire une opération de chirurgie esthétique de la bouche !?).
Le Sujet inédit est traité avec une grande sobriété et retenue ce qui rend ce désir de “grand large” tout à fait crédible, et du coup complètement renversant !
Le spectateur quitte ses habits et souvenirs de touriste au Maroc pour entrer dans un monde à l’envers : celui d’une immigrée française contrainte de suivre son usine délocalisée dans un pays pauvre d’émigration pour pouvoir survivre.
C’est très fort ! surprenant ! L’exploitation d’une population semi-esclave y est montrée sans forcer le trait; mais le scénario nous entraîne aussi dans un curieux rapport mère/fils homosexuel douloureux, la laborieuse construction d’une amitié à petits pas avec son hôte, et les rapports hiérarchiques ou pas entre femmes à l’usine, très réalistes.
Le personnage de veuve de la quarantaine, ouvrière de père en fille, sombre et tellement seule, qu’incarne à merveille Sandrine Bonnaire, nous happe dans cet exil douloureux qui nous renvoie à ces pauvres hères venus d’Afrique qui arrivent chez nous avec les mêmes motivations, les mêmes déceptions et parfois, mais rarement, les mêmes sorties hasardeuses de l’enfer.
Un film qui marque profondément, à ne pas manquer.
Serge Diaz