14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 06:18

De Rodrigo Sorogoyen  (Espagne 2016)

 

Avec Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Javier Pereira 

Madrid, été 2011. La ville, plongée en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des « indignés » et à la visite imminente du Pape Benoît  XVI. Dans ce contexte tendu, deux policiers sont chargés de l‘enquête sur un serial killer….assez particulier

Que dios nos perdone

On s’extasie -non sans raison- devant la qualité, la vitalité du film policier espagnol….incluant que dios nos perdone 

Mais le film de Rodrigo Sorogoyen n’a pas l’envergure des deux films de Rodriguez (la isla minima, l’homme aux mille visages) ni l’ingéniosité de la colère d’un homme patient de Raùl Arévalo

Certes les personnages sont aussi -sinon plus- importants- que l’intrigue. Que le duo de policiers que tout semble opposer soit aussi « taré » que le criminel recherché, est devenu un classique du genre. L’un Alfaro une brute épaisse -mais efficace- l’autre Velarde, apparemment plus réservé desservi par son bégaiement cache en fait des pulsions de violence… Le "tueur"- dont l’identité est dévoilée bien avant la fin du film- illustre une psychopathie lourdement "expliquée" (relation à la mère, assouvissement de l’inceste gérontophile, le délire oedipien dans tous ses états…). Les trois partagent une "frustration sexuelle"  (d'où le questionnement sur la virilité...)

Que la hiérarchie tienne à "minimiser" pour la presse la violence des faits (les vieilles ne sont pas violées mais meurent suite à une chute ou une crise cardiaque), quoi de plus "banal" dans une société très catholique -et qui de surcroît attend cet été là la visite du pape Benoît XVI  Le titre renvoie d’ailleurs à la religion catholique -dont la prégnance est illustrée par des images presque sulpiciennes..-

 

Mais il y a dans ce film une sorte d’éparpillement malgré le choix d’un tempo qui fait alterner rythme fou ou saccadé et moments d’intimité et malgré la récurrence d’un thème musical.  Bien plus l’atmosphère de torridité (température et climat social politique religieux) n’est qu’un prétexte, car elle n’est pas exploitée. La ville elle-même aurait pu devenir personnage à part entière. Une vue en plongée sur la place que ce matin-là on "nettoie", ouvre le film ; en écho Alvaro perché sur le toit d’un camion scrute la foule -après une course poursuite dans les rues ; des ruelles labyrinthiques où l’on se perd caméra à l’épaule ou des rues bondées, des vieux appartements madrilènes etc... Or tout cela semble "plaqué" comme  simple décorum

 

Cela étant, les trois acteurs principaux sont "formidables" (rappelons qu’Antonio de la Torre interprétait Rodrigo, père de famille taciturne dans la isla minima et José "vengeur" placide dans la colère d’un homme patient)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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