Documentaire réalisé par Lisa Immordino Vreeland (USA)
Celle qui de son propre aveu ne connaissait rien à l’expressionnisme abstrait – le confondant avec le surréalisme- aura fait connaître Pollock (grâce au flair de Mondrian), Rothko et Motherwell entre autres
Celle qui a commencé sa collection à Paris -grâce aux conseils de Marcel Duchamp et de Cocteau- puis à Londres (ouverture d’une galerie) saura user de subterfuges pour la sauver
Celle qui a aidé financièrement Varian Fry, aura permis à des artistes (dont Max Ernst qu’elle épousera d’ailleurs) et des intellectuels (dont Breton et sa famille) de fuir l’Occupation
Oui elle fut mécène et collectionneuse (art addict)
Oui elle a mené une "vie de femme libre" collectionnant aussi les hommes, diront ses détracteurs...
Et son nom restera immanquablement lié au Musée qu’elle a créé à Venise
Hélas le documentaire de Lisa Immordino Vreeland, certes très riche en images d’archives est "plombé" par la profusion d’interviews (des spécialistes en art le plus souvent, ayant ou non connu Peggy Guggenheim, et qui face à la caméra, imposent, doctes et sentencieux, leurs interprétations). Il est entaché par le classicisme de sa structure chronologique en 6 chapitres, et par des musiques souvent illustratives. Même si ça et là affleurent des séquences qui marqueront les mémoires (l’inauguration de la galerie à New York dans les décors de Kiesler par exemple) Alors que le rythme saccadé censé épouser les déplacements de cette femme -entre les USA et l'Europe-, souffre de troublants raccords
Dès lors le portrait d’une femme -pourtant hors norme- va entrer dans le cadre "réducteur" d’un portrait télévisuel... une compilation (qui se veut érudite) sans grâce hypnotisante (le spectateur ne se sent pas habité...)
Vilipendons le faux message subliminal : propos sexistes du biographe de Picasso, A cause de son physique ingrat elle n’allait jamais devenir une figure glamour, désirable, de la haute, mais bon Dieu elle s’est imposée comme collectionneuse
Seule originalité, l’interview audio réalisée au début des années 70 comme "fil conducteur" ; (la documentariste a retrouvé la cassette dans la cave de la biographe… hasard objectif ???)
Peggy de sa voix chuintante, nasillarde répond sans fard aux questions de Jacqueline Bogard, (même si elle feint la légèreté quand on évoque le suicide de sa fille Pegeen...même si faussement naïve elle prévient parfois "cela ne doit pas figurer dans ma biographie")
Sa vie ne fut-elle pas un roman ?
Colette Lallement-Duchoze