Argument: Vietnam – 1946. Philippe s’est engagé pour pacifier un pays inconnu fait de forêts denses et de montagnes spectaculaires. Ses idéaux s'effondrent lorsqu’il comprend qu’il doit torturer et tuer une jeune vietminh qui lutte pour son indépendance. Il décide de fuir avec elle dans un voyage imprévisible au cœur de la jungle. Livrés à eux-mêmes, ils découvriront qui ils sont. Ce film est l’histoire de leur amour.
Fuite à travers la jungle puis long séjour au bord d'un lac où les deux fugitifs -le jeune militaire français et la jeune vietminh- (re)trouvent le bonheur d’un éden sauvage, c'est l'essentiel de "ciel rouge"
Or cette partie ( triomphe de l'amour sur les contingences politiques militaires et idéologiques) est souvent pataude et/ou mièvre tant son traitement souffre d'artifices!
Même la jungle filmée sous différents angles ou le lac Babe et son immensité lustrale ou encore le couple dans la sérénité d’un antan que rien ne semble galvauder, tout cela ressemble étrangement à des "clichés"; il en va de même pour les paroles: dialogues minimalistes réduits à des constats, à des banalités (surtout quand il s'agit de militantisme ou d'engagement....)
Le refus de la torture -qui débouche sur une prise de conscience (première partie)- et le renversement de situation (dernière partie, avec en point d’orgue le "massacre défouloir") sont engloutis dans le magma romanesque (où même les zooms sur des papillons, des insectes, des branches, frisent le ridicule alors qu'ils sont censés illustrer l'allégresse de la découverte!!!)
La construction "circulaire" du film (Philippe attaché avant la sentence/exécution demande un livre comme faveur ultime, comme l'avait fait la jeune Thi au tout début) et des échos intérieurs (torture pratiquée dans les deux camps) semblent asséner des vérités d'évidence ....
Alors quand on entend la musique de Philip Glass, on peut fermer (momentanément) les yeux et se laisser habiter par elle….
Colette Lallement-Duchoze