27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 06:59

De Robin Campillo 

avec Nathuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel

 

Grand Prix Festival de Cannes 2017

Les années 90. Alors que le sida tue depuis 10 ans, les militants d'Act-Up Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan est touché par la radicalité de Sean qui consume ses dernières forces dans l'action...

120 battements par minute

"120 battements par minute" ou l’histoire d’Act-Up Paris dans les cinq premières années de son existence, avec ses militants, son organisation, ses actions, ses morts ? Un militantisme radical transgressif et novateur tout à la fois ?. Certes. Mais Robin Campillo s’intéresse surtout à ces personnages dévorés par le virus, abandonnés par les pouvoirs publics mais dont les pulsions de Vie sont étonnantes -le cas de Sean est exemplaire. Et sa "fiction" (qui puise dans son vécu) obéit à cette dynamique interne qui va du général (réunions hebdomadaires, discussions, manifestations offensives, soirées en boîte, recours au montage parallèle souvent) au particulier (enchevêtrement lascif de deux corps, flash-back, surimpression, jusqu’à cette mise au tombeau quasi liturgique en présence de la mère…) et vice-versa;  il en va de même pour le rythme : soutenu ou ralenti.

Eros et Thanatos ; Thanatos et Eros

Car les 120 battements par minute sont ceux du coeur, de l’amour et de la Vie tout à la fois, en harmonie avec le tempo de la house music (celle précisément qui est née dans les communautés gay et afro-américaines de Chicago)

 

La Seine s’est métamorphosée en un long ruban rouge qui sinue à travers la capitale (le rêve d’Act-Up s’est incarné à l’écran) ; l’étudiant en histoire conscient de l’imminence de sa mort récite un passage de l’Éducation sentimentale (Révolution de 1848) voix off alors que nous voyons sur l’écran une manifestation des militants d’Act -Up (continuum dans l’insurrection ? )

 

Maîtrise des cadrages, des raccords, des changements de rythme (le réalisateur est aussi monteur et scénariste), sens de la dramaturgie, séquences "chorégraphiées", tout cela à partir d’un questionnement sur des problèmes d’actualité, telle est bien "la marque" (sens aiguisé de l'écriture) de Robin Campillo (cf aussi l’excellent Eastern boys)

Bien plus son empathie pour tous ses personnages (filmés, quand ils sont isolés, en plans serrés) est désormais la nôtre! 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

On peut penser que le film est un hommage aux gens qui sont morts; mais c'est aussi un hommage à ceux qui ont survécu et qui tiennent encore aujourd'hui et auxquels je pense énormément ce soir, qui ont toujours des traitements lourds et sont dans des situations précaires, parce que lorsqu’ils étaient militants, ils ont mis leur vie entre parenthèses (ainsi s'exprimait le réalisateur sur la scène du Palais du festival en recevant sa récompense)

 

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