De Philippe Garrel
avec Eric Caravaca (Gilles) , Esther Garrel (Jeanne) Louise Chevillotte (Ariane)
Présenté au festival de Cannes - Quinzaine des Réalisateurs- ce film a remporté le prix de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques)
argument: C'est l'histoire d'un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu'elle vient d'être quittée et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et vit avec lui...
Escalier plus ou moins lépreux que dévale une étudiante ; un homme la rejoint près des toilettes et la volupté du rapport sexuel ravi à l’instant explose en des gémissements de plaisir. c’est le prologue. Nous allons entendre en écho d’autres gémissements ceux de la douleur torturante qu’éprouve une jeune femme abandonnée par son compagnon. Elle s’en vient trouver refuge chez son père qui n’est autre que l’amant du prologue. Non seulement le "ton" est donné dès ces premiers instants (si la fille et l’amante ont le même âge, leur relation au "mâle" est bien différente) mais l’importance de la voix off (pour son contenu et sa musicalité) le travail du noir et blanc (signé Renato Berta) et la matérialité du Corps, tout cela oriente le film vers bien plus que des fluctuations amoureuses ; car dans "l’amant d’un jour" la fausse sororité et/ou la fausse amitié vont reléguer au second rang le rôle de l’homme…alors même qu'il sert d'enjeu (lui le père de Jeanne , lui l'amant d'Ariane) -
Portes que l’on ferme, cloisons qui fragmentent l’espace de l’appartement, gros plans sur l’amante donjuanesque (et en effet spéculaire la photo de son corps à la Une d’un magazine érotique) des sanglots longs, des promesses susurrées, une ritournelle de Jean- Louis Aubert, les relations ambiguës entre les deux jeunes femmes, ou encore le décalage entre le discours philosophique du père (il est prof de philo à l’université) et son comportement machiste, tout, dans cette manière impressionniste de traiter un drame intimiste - en privilégiant des fragments de vie- est mis en œuvre pour exhausser la fiction à une dimension quasi mythique !
Le réalisateur n'a-t-il pas lui-même confié avoir voulu parler du complexe d’Electre.?.Dans le film c'est l'histoire d'une amitié consciente entre une jeune fille et sa belle-mère qui a le même âge qu'elle et comment l'inconscient de cette jeune fille la pousse à se débarrasser de cette rivale pour le père. Ce n'est pas très important de comprendre ça mais c'est comme ça que je l'ai bâti"
Colette Lallement-Duchoze