24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 07:30

De Maysaloun Hamoud (Palestine, Israël)

Avec Mouna Hawa, Sana Jammelieh, Shaden Kanboura

Je danserai si je veux

Le titre à valeur programmatique -soit l'expression d'une farouche volonté d'émancipation- trois jeunes femmes vont l'illustrer; trois Arabes israéliennes; trois incarnations de la société civile et religieuse; une avocate athée qui ne cesse de cloper, Layla; une DJ, qui travaille dans un restaurant et affiche son homosexualité, Selma issue d'une famille chrétienne, et une étudiante en informatique, Nour, une musulmane portant le voile et dont l'avenir est déjà tracé car elle est fiancée au pire macho religieux.

Mais le titre originel était plus adapté : littéralement "entre terre et mer" en arabe traduit par  "ni  ici ni là-bas" en hébreu. D'emblée en effet l'appartement que les trois jeunes femmes partagent à Tel-Aviv est chargé de symboles: microcosme de la société arabe israélienne, il est un refuge contre l'extérieur -entendons la famille et le poids des traditions d'une part, et la ville où le statut mixte est difficilement accepté, d'autre part. C'est aussi le lieu privilégié d'une liberté à conquérir; elle s'élabore dans cet entre-deux, celui de la sororité, avant de jaillir à l'extérieur -et ce sera précisément la dynamique du film

La réalisatrice procède par montage parallèle et alterné; cela permet au spectateur de suivre le parcours de chacune; on pourra reprocher le systématisme d'une telle approche. Mais elle est largement compensée par une forme accumulative de "situations" , par une  maîtrise des cadrages, par l'alternance de scènes nocturnes frénétiques  et de blessures à suturer,  et par le choix d'une musique vivifiante

 

Comme il est dit dans le générique de fin, le film a été produit par Shlomi Elkabetz, le frère de Ronit cette actrice israélienne décédée en 2016 (ce film lui est d'ailleurs dédié) 

Ecoutons la réalisatrice " Comme eux je mets en lumière le patriarcat qui règne au sein de la société israélienne dans son ensemble. Comme eux je mets les outsiders devant la scène, je donne la voix à ceux qui en sont privés. J'ai simplement continué à marcher dans la voie que Shlomi et Ronit ont commencé à tracer"

NB tant pis pour les spectateurs qui ont quitté la salle avant le générique de fin; ils n'auront pas pris la peine de lire remerciements, témoignage et dédicace... pourtant si éclairants...

 

Colette Lallement-Duchoze

Je danserai si je veux
Je suis partagé par ce film. Est-ce vraiment un film féministe ?
Oui si l’on se limite à la juste description de la violence machiste en tous genres que subissent les femmes arabes en Israël par les hommes arabes, en premier lieu. Non si on considère que ce film n’apporte aucun élément de réflexion - qui aurait pu être au travers d’un dialogue- à la désaliénation.
Deux des protagonistes boivent, fument, se shootent à qui mieux mieux. La troisième reste dans la tradition de la femme soumise totalement aliénée...
Au final on se demande quelle idée a la réalisatrice de la libération de la femme arabe ? On n’en voit pas dans son film hormis une description primaire de l’asservissement et une réaction infantile pour s’en dégager.
Dommage, c’était bien parti pour en faire un film qui dépasse l’anecdote.
 
Serge Diaz 30/04/17
 

 

La réponse est dans les "images" ; particulièrement deux scènes -celle du viol et celle du bain dans la mer; Nour s'est quasiment dénudée (= s'est débarrassée du corset des traditions) et l'eau a une fonction à la fois lustrale et symbolique

Il ne s'agit pas de "description primaire" ni de "réaction infantile" mais d'une "évocation" ; et la conquête de la liberté (que suggère le titre français) s'est élaborée "collectivement"...(cf les moyens mis en oeuvre pour prendre en flagrant délit le fiancé de Nour; voir aussi  ce plan final  sur les 3 femmes assises sur un muret,  filmées de face)

On est loin de la pure "anecdote"...

Colette 1/05/17

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