21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 06:35

De K. Grozeva et P. Valchanov (Bulgarie) 

Avec Margarita Gosheva, Stefan Denolyubov 

 

Le cantonnier Tsanko, la cinquantaine, trouve des billets de banque sur la voie ferrée qu'il est chargé d'entretenir. Plutôt que de les garder, l'honnête homme préfère les rendre à l'Etat qui en signe de reconnaissance organise une cérémonie en son honneur et lui offre une montre.... qui ne fonctionne pas!

Glory

Cette comédie douce-amère inspirée d'un fait divers dénonce la corruption qui gangrène le pouvoir en Bulgarie -mais aussi toute la société. Dans Godless film sombre voire glauque, c'était une mafia et son trafic de cartes d'identité usurpées à des vieux impotents par une infirmière. Ici c'est le ministère des Transports, le pouvoir maléfique et cynique de ses communicants dirigés par Julia Staikova, qui sont épinglés. Un homme simple -pour ne pas dire simplet- bégayant de surcroît, est confronté -à cause précisément de trop d'honnêteté - à l'impudence éhontée de cette caste politique. David contre Goliath!!

 

Pendant le générique d'ouverture, on entend l'horloge parlante décliner avec l'impeccable précision que l'on sait, heure, minute et seconde. Tsanko peut ainsi régler sa montre -une Glory- et commencer sa journée de cantonnier. Filmé de dos il arpente la voix ferrée, vérifie les boulons et il revisse ceux qui n'ont pas "fait le bon bruit" (gros plan sur sa lourde clé à mollette); sa marche est interrompue par la découverte d'une sacoche éventrée et ses billets de banque...Ellipse. Déclaration à la gendarmerie. Il bègue. Récupération en haut lieu; cérémonie officielle bien médiatisée et réglée au millimètre près; retransmission en direct; etc.. On connaît la mainmise du pouvoir sur les médias et l'intox par l'image... Or Julia avait pris la Glory  ...afin d'offrir sous l'oeil de la caméra une autre montre - preuve  manifeste  d'une honnêteté récompensée.. Les ennuis vont commencer, début d'un calvaire. Tsanko qui amoureusement caressait les oreilles de ses lapins, leur donnait régulièrement à boire, lui qui exerçait son métier avec la minutie du professionnel va être pris malgré lui dans un engrenage et n'aura de cesse de retrouver sa Glory -cadeau familial, incarnation de son exactitude et symbole de sa probité.

 

L'histoire est cruelle, pour ne pas dire "tragique". Les réalisateurs ont opté pour le mode du comique "dit décalé" qui rappelle parfois Tati. On ne rit pas mais on sourit du bégaiement de Tsanko; on se moque légèrement de ses maladresses et le personnage est parfois englué dans des situations que n'aurait pas reniées Keaton!!!

Mais dans cette parabole,  la mécanique -trop souvent- tourne à vide 

Et que d'insistance sur les séances de procréation assistée (Julia)! Que de complaisance quand la bouche bégayante est montrée en très gros plan -même si le bégaiement peut symboliser le musellement de la parole quand il s'agit des "petits". Que d'étirements inutiles de scènes a priori comiques (changement de pantalon et plus tard de chemise); des mélanges douteux ou simplistes - comique farcesque et sa symbolique latente: nudité et dépouillement moral par exemple. 

 

Le film n'en reste pas moins une charge ... fût-elle décevante dans son traitement 

 

Colette Lallement-Duchoze

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