16 avril 2017 7 16 /04 /avril /2017 06:58

Documentaire réalisé par Stéphane de Freitas et Ladj Ly

 

 

Chaque année à l'Université de Saint-Denis se déroule le concours Eloquentia qui vise à élire "le meilleur orateur du 93". Des étudiants issus de tout cursus décident d'y participer et s'y préparent grâce à des professionnels qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public...

A voix haute, la force de la parole

J’avais l’impression l’année dernière quand je suis arrivée à la fac que toutes mes origines sociales, la catégorie socioprofessionnelle de mes parents, […] ça se dessinait sur mon visage mais surtout sur ma parole" "nique ta mère ça en impose plus que bonjour voici le fond de ma pensée ...bien parler c'est plus une tare qu'autre chose"     Ces confidences liminaires formulées par deux compétiteurs, l’apprentissage de la "rhétorique" va les faire exploser. De même le documentaire de Stéphane de Freitas et Ladj Ly  tord le cou aux clichés sur le 9-3 que véhiculent certains médias, hommes politiques et adeptes fanatiques de philosophies essentialistes...

 

Nous suivons un groupe sélectionné pour le concours d’art oratoire Eloquentia (créé rappelons-le par Stéphane de Freitas lui-même réalisateur de "à voix haute" ). Depuis la séquence de "présentation" -qui allie plusieurs "techniques"- jusqu’à la finale. Un apprentissage à la fois ludique et sérieux que dispensent différents professionnels, tous bienveillants au demeurant (le truculent avocat Bertrand Périer, des professeurs de chant, de slam, de théâtre).

Qui sont ces étudiants ? Comme le documentaire fait alterner scènes de groupe et scènes plus intimes, nous pénétrons dans le quotidien de certains ; surtout celui d’Eddy Moniot, unique enfant d’un couple franco-tunisien parcourant chaque jour 10 kilomètres A-R à pied en pleine campagne  -la caméra le suit de dos sur la route ou à l’intérieur dans sa maison de Corcy où le père adulé, Chuck Norris de la résistance au cancer, lui apprend à caresser les mots découvrir leur richesse latente. Voici aussi Elhadj Touré qui a dû vivre dans la rue tout en faisant  ses études en sociologie ; un témoignage sincère bouleversant dénué de haine ou de vengeance.

Chacun a son histoire ; chacun est confronté à ses inhibitions. Prendre la parole est un exercice périlleux. C'est d’abord un travail sur soi. Respiration, élocution, lâcher prise. C’est aussi apprendre à émouvoir -en faisant appel à la sensibilité- et à persuader, -en faisant appel à la raison. La parole est alors une "arme" (Leïla Alaouf, étudiante en Lettres modernes d’origine syrienne, féministe engagée rêve justement d’avoir une voix qui compte)

 

La parole, une arme! N'est-ce pas un truisme ? Bien évidemment. Mais ici s’opère le charme d’une mini épopée collective qui mixe des parcours très différents. Et la foi des documentaristes dans les potentialités de ces jeunes est si grande généreuse et sincère qu’elle éclate à chaque plan -ah ces rires et sourires, ces gros plans sur des visages devenus icônes, ce rythme parfois frénétique qui scande la bonne volonté de tous

 

Un documentaire tonique, une bouffée d'air pur, un message d’espoir.

Alors  refusons ces critiques -vindicatives ?- telles que " un plaidoyer pro domo"….

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS Eddy "je veux être comédien", sa mère "je veux que tu sois heureux" 

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