23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 07:45

D'Adrian Sitaru (Roumanie)

avec Tudor Aaron Istodor Mehdi Nebbou, Nicolas Wanczycki, Adrian Titieni

 

 

Radu, un jeune et ambitieux journaliste veut se faire un nom dans la presse internationale. Quand deux prostituées mineures sont rapatriées de France, il est engagé comme fixeur dans l’équipe d’une chaîne de télévision française dirigée par un journaliste reconnu. Mais durant le voyage, les intentions, les ambitions et les limites de chacun vont se révéler.

Fixeur

Radu mène de " front " deux activités : fixeur pour le bureau roumain de l’AFP et " coach" de Mattéi le fils de sa compagne Carmen ; la devise olympique affichée à la piscine où s’entraîne le gamin " citius altius fortius" vaut aussi mutatis mutandis pour son " métier "

Ce n’est pas pur hasard si le film s'ouvre et se clôt sur les scènes de piscine. Dans la première, Radu derrière une vitre embuée encourage par des gestes, et consigne les progrès du jeune nageur ; dans la dernière c’est la déception due à la défaite, mais …. ce sera aussi une prise de conscience, celle de nos limites….

Entre les deux, le réalisateur nous aura entraîné dans le sillage tortueux -et tordu- de journalistes avides de sensationnalisme ….(interview avec la mère d’Anca, la jeune prostituée mineure rapatriée de France, avec la mère supérieure, etc.)  précautions "d'usage" pour mieux amadouer. Peu importe le sort de la jeune prostituée, l’essentiel est le scoop " en provoquant un entretien, entendre l’identité du proxénète"... Et pour l'entretien ruses astuces et mensonges de Radu seront les bienvenus (après tout il n'est qu'un fixeur, reconnaît méprisant et condescendant le journaliste !)

Dans un monde machiste, rigolades et propos salaces abondent. Et ces images captées par le cameraman : de très gros plans sur des visages taraudés par la douleur sont d’une monstrueuse indécence ; ce que dénonce bien évidemment le réalisateur

Car le film se veut une fiction moralisante sur la " manipulation " dont il démonte les mécanismes et capte les retentissements en longs plans séquences et avec force  "discussions " je me suis intéressé à comment nous manipulions nos proches. Toujours au nom de principes très louables " (cf dépliant " intentions de réalisation ")

Le réalisateur va plus loin encore: les " méthodes " et le " discours " de Radu et des journalistes rappellent  ceux des proxénètes que précisément ils sont censés dénoncer (comment expliquer autrement la réaction de la jeune Anca - "je vais te sucer"- aux questions posées par le fixeur dans l’habitacle d’une voiture...?)

 

Parfois la fiction rejoint le documentaire ; pour preuve cette façon de filmer les conditions sociales dans les campagnes roumaines -lumière naturelle, caméra à l’épaule- en laissant " parler " dans son jaillissement cette forme de détresse, proie "idéale" de toutes les " manipulations ".

On connaît le goût du cinéaste pour la forme hybride (mélange fiction et documentaire d’observation) elle avait  prévalu dans Illégitime (avec son acteur fétiche Adrian Titieni que l’on retrouve ici dans le rôle de Molnar) .

Mais quand subrepticement et momentanément on délaisse la " fiction ", le réel  semble faussement documentarisé.  Dommage! Serait-ce dû au découpage ???

 

Colette Lallement-Duchoze

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