De Ana-Felicia Scutelnicu (France Allemagne Moldavie)
Avec Anisoara Morari
Directeurs musicaux : Stephan Franz, Stephan Bruns, Manja Ebert
Présenté au festival San Sebastian 2016 (compétition premier film)
Ce film fait partie de la "section compétitive" festival à l'Est du nouveau, Rouen (3/12 mars 2017)
Adieu au monde de l’enfance, adieu à un mode de vie archaïque, adieu à toute une culture ? Le film de Ana Felicia Scutenelicu est peut-être tout cela à la fois. Mais les photos de Luciano Cervio, Cornelius Plache et Max Preiss immortalisent ces paysages de Moldavie (angles de vue lumière cadrage) alors que la musique (chansons populaires et/ou instruments) reste la complice de tous les rites, des activités séculaires transmises de génération en génération (à l’instar de ces pastèques que l’on a récoltées ensemble et qui vont passer de main en main jusqu’à leur rangement dans une carriole ; elles auront maculé de rouge vif le visage et les lèvres des enfants qui en ont dévoré !)
Dès le prologue le film se présente comme un conte : face à la caméra et sur un fond aux couleurs très vives (en écho -inversé- à la fin Anishoara est recouverte d’un plaid aux couleurs ternes) se détache le visage d’un homme (qui sera très présent dans la dernière partie …) " il était une fois… " ou comment les alouettes sont descendues du ciel sur la terre. L’alouette symbole de l’allégresse et de l’ardeur juvénile!!!!
Peut dès lors se dérouler le parcours d’Anishoara (personnage éponyme) que scandent les 4 saisons (été automne hiver et printemps) alors que se tourne à chaque fois une page du livre de conte (comme autant d’étapes dans l’histoire, comme autant d'étapes dans l'initiation)
L'adolescente de 15 ans vit dans un village de Moldavie avec son grand-père Petru (quelle figure pittoresque !) et son jeune frère Andrei. Calme et insouciance dans une sorte d’interpénétration des différents règnes, c’est ce qui présidait à la saison estivale. À partir du moment où Anishoara voit en la personne de Dragos le " messager " de l’amour, l’annonciateur d’une vie nouvelle, son quotidien est bouleversé (au grand dam de son amie et de Vassili l’amoureux éconduit) plus déterminantes encore l'expérience vécue dans ce décor hiémal, puis les attentes torturantes de l'être aimé... La jeune fille du conte allait par monts et par vaux à cheval à la rencontre de ...
À chaque saison, ses ambiances sa lumière ses coutumes. À la fin de la dernière séquence (traitée de façon plus expressionniste) le jeune Andrei vu en contre plongée du haut de la colline assiste impuissant au départ définitif de sa sœur dans ce bus qu’elle conduit sur la route qui sinue….
Hormis quelques longueurs qui étirent inutilement la narration et quelque(s) complaisance(s), voilà un premier film, à la lecture plurielle, à la fois attachant et nostalgique
Colette Lallement-Duchoze