De Tom Ford
avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon
Un début qui intrigue: des femmes obèses nues, à la poitrine énorme et brinquebalante, évoluent sur une scène…. Des plans sur une ville quadrillée de nuages, des vues aériennes sur des échangeurs d’autoroutes aux courbes si bien calligraphiées. Les femmes rebondies -flaccidité réelle ou de pacotille?- vont s’affaisser : avons-nous assisté à une performance dans la galerie tenue par Susan Morrow? Quand celle-ci regagne sa demeure d'architecte, elle est accueillie par la sculpture de Jeff Koons (balloon dog) ; tout cela en dit long sur le prétendu " art contemporain ". Plus tard un plan sur les deux cadavres nus allongés sur une banquette rouge, illustrera en mode inversé une plasticité purement formelle.... Mais là n’est pas, ne sera pas le propos…(Juste une dénonciation larvaire de la publicité qui impose son parangon du Beau et ce faisant, nie la Vie)
À partir de l’instant où Susan reçoit un exemplaire du roman " nocturnal animals " écrit et dédicacé par son ex mari Edward (et le kraft est si acéré qu’elle s’est taillé le doigt, premier " signe avant-coureur"…) le film va mêler plusieurs " histoires " : celle que vit au quotidien Susan, celle qu’elle est en train de lire et qu’elle fait sienne en l’imaginant (les personnages de la fiction que nous voyons par son regard ont ses traits, et ceux d’Edward) et celle de son passé que la lecture a ressuscité(e)… Troubles et prises de conscience douloureuses : le roman – un mauvais thriller bourré de clichés d’ailleurs- résonne comme une vengeance. (Le gros plan sur l’affiche revenge nous y avait préparés) Il sert de catalyseur : Susan se sent de plus en plus coupable (d’avoir mésestimé les talents d'écrivain de son ex mari ) de même que Tony (personnage principal du roman "nocturnal animals" et peut-être double de l'auteur) se culpabilise de n’avoir pas su protéger sa femme et sa fille ; Edward (le mari bafoué) prendrait-il sa revanche en écrivant ce thriller?
Film dans le film (par une mise en abyme du roman) éclatement des repères chronologiques perte des identités, le procédé n’est pas innovant. Même en jouant sur l’opposition de tonalités Tom Ford a tendance à tout "surligner " (les raccords les symboles la musique) et le film va s’étirant, .... inutilement…
On ne naît pas Lynch, on ne le devient pas…
Colette Lallement-Duchoze