Argument: "C'est l'été, deux adolescents ont leur premier rendez-vous dans un parc. D'abord hésitants et timides, ils se rapprochent au gré de la promenade et tombent amoureux. Vient le soir, l'heure de se séparer… C'est le début d'une nuit sombre."
Avec ses sentiers, ses bosquets, ses plages de verdure, ses arbres qu’une légère bise fait murmurer, et sa lumière diffractée, le parc est le lieu édénique par excellence c’est lui qui accueille pour leur premier rendez-vous ce couple de jeunes ; la maladresse de leurs gestes la banalité de leurs propos, leurs rires un peu forcés contrastent avec la multitude des cadrages angles de vue qu’offre ce lieu et que saisit -souvent en plans fixes-, avec un plaisir avide, la caméra de Damien Manivel.
Mais c’était pour mieux " dérouter " le spectateur.
Car au moment crépusculaire la jeune fille reste seule, elle est assise comme si elle prenait racine, communique par SMS avec son " compagnon " (les textos apparaissent sur l’écran, dans une langue châtiée à la virgule près -contrairement à leur conversation ânonnante de l'après-midi …) Déçue désappointée par un amour "contrarié" , elle entreprend un " voyage " à reculons dans un parc que l’obscurité de la nuit va métamorphoser en un espace menaçant voire inquiétant et que l’imaginaire peuple de tous les fantasmes … Un gardien avec sa torche (comme un écho assourdi aux jeux de cache-cache de l’après-midi en pleine lumière) ange ou démon ? Le végétal qui s’anthropomorphise, l’étreinte des branches peut être fatale, une chouette hululant, gémit, la barque dérive... Rêve ou cauchemar ? Rêve et/ou voyage initiatique?
Unité de lieu (un parc) de temps (le jour la nuit et l’aube) d’action (fragments douloureux d’un amour naissant) minimalisme dans le traitement, peu de paroles, absence de musique hormis celle des arbres frémissants, des oiseaux puis le clapotis de l’eau quand le gardien du parc devient passeur: -ramenant l’égarée en lieu sûr ou la menant vers les contrées insoupçonnées de l’inconscient?- ce film tout en nuances peut presque hypnotiser par l’abondance des plans fixes en I, les contrastes clair-obscur et l’atmosphère d’étrangeté en II
Encore faut-il le voir dans des conditions sinon "idéales" du moins "correctes" "!!!!
ce qui ne fut nullement le cas dans cette salle 4 (Omnia) où le mugissement intempestif de la soufflerie venait parasiter la musique du silence….
Colette Lallement-Duchoze