Film polonais de Lukasz Palkowski 2014
avec Tomasz Kot, Piotr Glowacki, Szymon Piotr Warszawski, Magdalena Czerwińska, Rafal Zawierucha, Marta Scislowicz, Karolina
Projeté vendredi 27/01 au CHU de Rouen, en préambule au festival "A l'Est du nouveau" (qui aura lieu du 3 au 12 mars 2017), ce film a été couronné de 7 aigles par l’Académie polonaise du cinéma ; primé au festival de Godnya il a cumulé Lion d’or, meilleur scénario, meilleur premier rôle masculin pour Tomasz Kot
Argument: s’inspirant de faits réels le film évoque le parcours du docteur Zbigniev Religa premier chirurgien polonais à réussir une greffe du cœur, en 1985, après quatre tentatives infructueuses
Le rythme du film épouse le parcours mouvementé du docteur -une véritable course d’obstacles ; opiniâtre et fougueux il affronte tous les représentants d’un conservatisme en matière de science médicale (et même s’il est de bon ton de diaboliser le joug soviétique et son "immobilisme" , le Pr Littzler et le Dr C Nafeh-Bizeh invités pour le débat à l’issue de la projection, ont affirmé que les conditions de travail de ce pionnier polonais de la transplantation cardiaque et les réticences des hautes autorités de toutes sortes, étaient identiques en France à la même époque, soit fin des années 80….)
Nous voyons deux fois Tomasz Kot avancer d’un pas résolu dans de longs couloirs -comme arpentant un tunnel sans fin- ce plan avec une belle profondeur de champ dit à la fois la solitude et l’entêtement de celui qui veut convaincre, ce que martèle précisément la bande-son
Qu’il soit en " réunion " (laquelle peut se métamorphoser en "prétoire") qu’il opère dans l’urgence en plein air dès l’arrivée d’une ambulance, qu’il dirige l’équipe au bloc opératoire, semonce renvoie des co-équipiers -pour les réembaucher-, qu’il soit au volant de sa Lada verte, qu’il soit " multicarte " (recherche de fonds pour la clinique de Zabrze, participation active aux travaux de rénovation,…on est au début de Solidarnosc) ce docteur qui ne cesse de " cloper " et de boire est un fonceur, il incarne le mouvement perpétuel. Même ses temps de repos (congé dans un cadre idyllique au bord de l’eau avec sa femme) sont perturbés par des appels d’urgence…
Dos voûté (serait-il trop grand pour franchir une porte ou entrer dans le cadre de la photo???) cigarette aux lèvres, sourire en coin l’acteur Tomasz Kot (voir l'affiche) incarne avec brio le professeur Religa qui par sa ténacité et son courage aura su vaincre tous les préjugés (d'ordre scientifique, moral ou religieux)
Une jeune patiente ne survivra pas (une malformation -qu’auraient décelée de nos jours une IRM ou un scanner- empêche le chirurgien de mener à bien son intervention); l’ours en peluche restera au vestiaire -témoin muet ? en apparence seulement...Car cet "échec" le galvanise, le conforte dans sa démarche : faire admettre la nécessité des transplantations et partant, oeuvrer, à tous les niveaux, pour leur réalisation
" Gods " "un film pédagogique qui mériterait d’être diffusé dans toutes les universités de médecine, tel fut le vœu formulé par les deux intervenants du CHU !
Colette Lallement-Duchoze