Documentaire réalisé par José Luis Lopez-Linares
Espagne, France
Argument: 500 après sa disparition Jérôme Bosch, l'un des grands peintres flamands continue à intriguer avec une oeuvre aussi fascinante qu'énigmatique. A travers "le jardin des délices" historiens de l'art, philosophes psychanalystes en cherchent le sens et rendent un hommage vibrant à un artiste qui défie le temps
Plus appréhension d'une oeuvre que tentative d'explication, le documentaire de José Luis Lopez-Linares fait la part belle à des commentateurs venus du monde entier -romanciers, philosophes, historiens d'art, conservateurs de musée, peintres, chanteurs, psychanalystes ou neuroscientifiques -un grand absent toutefois le cinéma! Chaque intervenant est filmé le plus souvent de profil. Mais c'est sur les visages de touristes, contemplant au Prado, "le jardin des Délices" que se manifestent l'étonnement et l'émerveillement. C'est sur eux (filmés de face ou de profil, en groupe) que s'ouvre le film; par un effet spéculaire l'oeil du spectateur - qui n'a pas encore accédé à la "révélation" - est attiré par celui du regardeur subjugué ou intrigué par ce qu'il voit...
Un documentaire foisonnant au rythme enlevé. Certes.
Le découpage multiplie gros plans sur des détails avant de les replacer dans le grand Tout. Il insère aussi des images d'archives -pour la contextualisation-, confronte l'oeuvre à la tapisserie "la dame à la licorne" ou à des toiles plus récentes (Dali); la met en résonance avec des événements tels que Woodstock ... tant la modernité de Jérôme Bosch est évidente!! Une musique éclectique (Bach, Arvo Pärt entre autres, ou Brel qui chante en flamand son plat pays) accompagne cette célébration
Et pourtant le contraste est vertigineux entre la démarche du cinéaste et l'inventivité délirante, l'imagination débridée du peintre. Si le rythme souvent échevelé semble faire écho à l'exubérance labyrinthique du tableau, la multiplicité des points de vue loin d'illustrer une évidente polysémie, (et le mystère restera entier) enferme certains commentaires dans une forme de tautologie (et les remarques de Michel Onfray sont d'une banalité effarante) De plus, les intervenants -hormis peut-être Barcelo- ne parlent-ils pas avant tout d'eux-mêmes? Et quid de l'ésotérisme ? (même si grâce à la radiographie, des "repentirs" et des retouches sont visibles)
Un moment qui tient du (faux) "miracle" ; dans la profusion des détails, la caméra isole une partition "imprimée" sur des fesses; et voici qu'elle prend Vie quand une chanteuse professionnelle l'interprète pour nous !
Colette Lallement-Duchoze