Documentaire de Thanos Anastopoulos et Davide del Degan (Grèce Italie)
Présenté à Cannes (Hors Compétition)
Argument: Au Pedocin, plage populaire de Trieste, hommes et femmes sont séparés par un mur de béton. Bienheureux dans l'entre soi, chacun amène sa vie avec lui et nourrit ce lieu unique et pittoresque...
Trieste: Une ville européenne au carrefour de diverses cultures ? des "plagistes" témoins d’une Europe vieillissante, finissante ? Un mur de "séparation" métaphore d’autres murs ?? Autant de questions qui s’imposent au spectateur !!
Les deux documentaristes s’en tiennent, tels des entomologistes, à l’observation d’une vingtaine de plagistes du troisième âge..(en contrepoint la caméra peut suivre un couple de jeunes filles sur le parking extérieur). Ils les filment en groupes (les femmes ou les hommes en alternance ; et rarement une vue aérienne sur l’ensemble s’en vient abolir la « frontière » de séparation des "sexes"). Des duos en plans moyens ou encore gros plans sur une personne isolée. Corps dénudés bourrelés à la peau tannée, ces seniors goûtent les joies du farniente : étaler sa chair -souvent flétrie - en offrande au soleil, boire, chanter, nager ; on joue aux cartes, on discute politique on commente de petits événements, on s’étonne de la disparition de untel ; on se rappelle son passé (héritage balkanique) on parle italien, triestin et même serbe. Rien ne semble les troubler ni ce passage au loin de cargos ou paquebots de luxe, ni la mort prématurée de une telle, ni le problème des migrants (hormis cette réflexion « je ne mange plus de poisson depuis qu’il y a eu des morts dans la mer »)
Un bonheur simple comme l’innocence retrouvée (celle qui ne connaît ni fard ni calcul) ? Un bain de jouvence dans une ambiance cosmopolite ?
Moins qu’il y paraît. Car si « ultima spiaggia » signifie aussi « ultime chance » cette plage ne représente-t-elle pas pour eux cette région intermédiaire d’avant la mort ? (un homme le dit d’ailleurs expressément). Des images d’ensemble sur les bâtiments administratifs vieillots en mauvais état disent les ravages du temps. Hors saison la plage vivote sous un ciel gainé de gris et les derniers plans du documentaire la figent telle une carte postale….
Un kaléidoscope de la liberté nonchalante dans un éden balnéaire coupé du monde ? Certes, mais beaucoup trop long il émousse l’attention et l’intérêt du spectateur….
Colette Lallement-Duchoze
merci pour votre commentaire auquel j'adhère. Je me permets de vous signaler que "spiaggia" signifie plage et non chance. Ce titre donne sans doute plus de subtilité au scénario.
Isabelle Lepicard 21/12/2016
Bien sûr
mais "essere all'ultima spiaggia" (être à la dernière plage) est une expression -comme je le signalais- qui signifie le dernier recours, le dernier espoir, la dernière chance...
Colette 21/12/2016