de Cristian Mungiu Roumanie
avec Adrian Titieni, Maria Dragus, Vlad Ivanov
Prix de la mise en scène Cannes 2016
Argument Romeo médecin dans une petite ville de Transylvanie a tout mis en oeuvre pour que sa fille Eliza soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu'une formalité : passer son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et tout le projet s'écroule...
Baccalauréat ou l'histoire d'un dérèglement; comment Romeo, médecin honnête, va accepter - à l'encontre de ses principes- des "compromissions" pour mener à bien ce qu'il croit être le bonheur de sa fille, bonheur par procuration aussi...
Dérèglement déjà "latent" dans ce plan d'ouverture où l'on voit au fond un immeuble partiellement rénové -qui a d'ailleurs le rendu d'une fresque- et au premier plan un amas de terre projetée du fond d'un trou, par un homme hors champ ; symbole du fossoyeur?? Plus (trop) visibles voici d'autres signes annonciateurs: pierre jetée dans une vitre de l'appartement, pare-brise fracassé, accident de voiture évité de justesse... Et l'agression d'Eliza la veille de l'examen va remettre en cause les projets du père qui bien vite sera pris dans un engrenage....
La caméra suit ce personnage de très près dans ses relations avec sa fille, sa femme, sa maîtresse, sa mère, ses collègues, ses patients et d'autres personnes influentes. La carrure imposante d'Adrian Titieni qui parfois envahit l'écran, semble adaptée pour supporter le poids de ses interrogations, de ses hésitations mais aussi les "ruines" d'un régime!. Le réalisateur part une fois de plus d'un microcosme familial avec des problèmes spécifiques, pour mieux "radiographier" la société roumaine avec ses dysfonctionnements. Ici il nous plonge dans le milieu de la petite bourgeoisie qui n'ayant pu "redresser" le pays après 1989, rêve pour la génération future une vie meilleure; oui mais à quel prix? sinon celui de la corruption!!!
Les mouvements circulaires épousant les trajets de Romeo alternent avec les temps de pause de réflexion qui opposent en de longs face-à-face le père à sa fille, l'époux à sa femme, l'amant à sa maîtresse, etc...avec les thèmes chers au réalisateur : culpabilité, conflit générationnel et, surtout ici, la question hautement morale et politique: la fin justifie-t-elle les moyens???;
Mais si le tableau paraît sombre (à travers un réseau complexe de faux-semblants et chausse-trapes) si la corruption semble triompher dans une société qui se remet avec peine de la dictature, la conclusion affichée l'est beaucoup moins (ce qu'illustre la dernière image, cliché de lycéens souriants...).
Baccalauréat, en dénotation signifie examen, celui que doit passer Eliza; en connotation il représente une échappatoire ; du moins était-ce la conviction du père. Mais au terme de son parcours (qui correspond au temps du film) Romeo aura passé lui aussi un "examen" -soit mieux appréhender la vérité dans sa vie : "on ne décide pas de la suite pour sa descendance"
Et n'est-ce pas la fille qui "sauvera" le père de tous ses mensonges??
Un film à voir absolument!
Colette Lallement-Duchoze
j'ai l'impression de ne pas avoir vu le même film que vous!
je suis plus proche d'Eliza et j'ai vu dans "baccalauréat" le cheminement l'émancipation de cette jeune fille -entre une mère déprimée, un père roublard et un mec peu viril!!!!
Ismaël 17/12/16