Premier long métrage de Bogdan Mirica (Roumanie)
Avec Dragos Bucur (Roman) Gheorge Visu (Hogas) Vlad Ivanov (Samir)
Prix FIPRESCI (fédération internationale de la presse cinématographique) pour la sélection Un Certain Regard, festival de Cannes
Par un long travelling avant, la caméra nous entraîne jusqu'aux eaux boueuses d'un étang; silence oppressant que vient interrompre un étrange glouglou; c'est alors qu'émerge un pied ensanglanté. Raccord. Fin du prologue. Long plan fixe: dans l'immensité déserte- seul, assis sur un banc, un homme attend (une voiture? un bus?). Ellipse: le même à l'intérieur d'une maison (celle de son grand-père décédé); dans un milieu assez hostile, il devra entre autres apprivoiser la chienne "Police" qui ne cesse d'aboyer.
Ainsi c'est par petites touches et le choix de longs plans presque fixes que progressivement se met en place l'intrigue. Lui? C'est Roman décidé à vendre la propriété de plus de 500 hectares dont il a hérité. Des terres infertiles mais qui bénéficient de la proximité de la frontière... Les vendre? c'est enfreindre le pouvoir de la mafia locale dont le grand-père était le "chef"... Casus belli qui transforme ces braconniers, -paysans frustes- en "chiens" tueurs, avec la "bienveillance" ou du moins la "complicité" de la police locale!
Le réalisateur procède souvent par ellipses: dialogues laconiques, où triomphe le silence des non-dits ou des sous-entendus; jeux des regards; hors champ pour certaines tueries -ce qui ne l'empêche pas d'insister parfois sur la violence presque primitive - voir le gros plan prolongé sur le crâne de Pila sauvagement aplati au marteau par Samir !!!
Décors et thématique de la traque propres aux westerns, ambiances -surtout les nocturnes- propres au suspense -, omniprésence du Mal et marche inexorable vers la Mort- propres aux films noirs-, c'est avec un certain brio que Bogdan Mirica mêle différents genres, dans cette sombre tragédie.
Certes on peut voir en filigrane une image de la Roumanie post-communiste. -filmée cette fois hors du contexte urbain et des huis clos oppressants auxquels certains de ses confrères nous ont habitués. Et si le pied -que le chef de police Hogas autopsie avec tant de méticulosité- en était précisément le symbole?
Mais le réalisateur -intéressé surtout par "l'absurdité de la vie qui est en même temps une dynamique de notre existence" - propose une autre interprétation "Dogs raconte l’histoire de trois hommes qui finalement, malgré les apparences, se ressemblent énormément. Ils ne font pas que s’affronter entre eux. Leur véritable bataille est celle qu’ils mènent contre eux-mêmes"
Un film à ne pas manquer
Colette Lallement-Duchoze
Des qualités, certes, relevées par Colette,
mais à la fin on s'ennuie de tant de noirceur distillée à un rythme trop lent...
ME
29/09/2016