De Maria Schrader (Allemagne/Autriche/France) -
Avec : Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz -
Synopsis : En 1936, Stefan Zweig décide de quitter définitivement l'Europe. Le film raconte son exil, de Rio de Janeiro à Buenos Aires, De New York à Pétropolis.
On a toujours peur lorsqu’on aime un auteur de voir le cinéma s’en inspirer.
Moins risqué que l’adaptation d’un de ses ouvrages, il s’agit là d’un morceau de la biographie du grand écrivain juif autrichien, celui consacré à l’exil au Brésil en 1936 et à sa fin.
La réalisatrice allemande a choisi avec finesse et intelligence de ne pas signer une hagiographie à l’américaine, exhaustive, avec suspense et jeu appuyé.
L’acteur qui incarne Stefan Zweig est pourvu d’une intériorité hors du commun, il réussit parfaitement à traduire cet état de mélancolie et de paix partiellement retrouvée qu’est l’exil; les autres personnages, son ancienne épouse et la dernière de 30 ans sa cadette, qui se suicidera avec lui par amour, jouent magnifiquement bien , à la fois au centre et en retrait du grand homme.
On découvre aussi un homme, que le nazisme a fait fuir, soucieux de préserver égoïstement sa solitude et de garder ses distances malgré l’admiration de ses hôtes et les nombreux appels à l’aide des autres intellectuels en plein désarroi.
Le séquençage du film en plusieurs tableaux évite avec bonheur un crescendo dans le mélo-tragique.
La fin est discrète, lucide, à l’image du personnage, émouvante cependant et force notre admiration.
Oui, un beau film que tous les lecteurs de Zweig seront heureux d’approcher sous l’angle que Maria Shrader a subtilement choisi de nous donner à voir pour mieux réfléchir.
Serge Diaz
Je ne partage pas le fol enthousiasme de Serge...
Car il faut le reconnaître le traitement des différents "chapitres" est inégal (ex New York; alors que l'actrice Barbara Sukowa est formidable l'épisode est très bavard; en revanche le plan séquence de l'épilogue traité avec effet de miroir est à la fois surprenant et émouvant)
Si on prend le parti de ne pas montrer l'écrivain mais de donner corps à une pensée (aussi mouvante et subtile soit-elle) je pense qu'il y avait d'autres "moyens" que le discours les conversations appuyées ou la théâtralité
Colette